La ministre du Logement Cécile Duflot a accusé jeudi Manuel Valls d'être allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain" avec ses propos sur les Roms et en a appelé à "la responsabilité du président de la République".
"On ne peut pas dire qu'il y a une catégorie de population où leur origine justifierait qu'elle ne puisse pas être intégrée et que leurs pratiques et modes de vie sont un dérangement pour leur voisin. Quand on dit cela, on est au-delà ce qui met en danger le pacte républicain", a déclaré la ministre écologiste, qui assistait aux journées parlementaires de son parti Europe Ecologie-Les Verts à Angers.
"Quand tous nous avons dit que le discours de Grenoble" de 2010 de Nicolas Sarkozy réclamant de démanteler les campements illégaux de Roms "est un scandale absolu, nous ne pouvons pas tenter de, ou envisager, ou laisser penser que nous pourrons utiliser les mêmes méthodes", a-t-elle ajouté.
Et d'en appeler à François Hollande: "Ce n'est pas la responsablité des ministres, c'est la responsabilité du président de la République. Parce qu'au-delà de son programme, il a été élu pour réparer des blessures douloureuses", "des blessures qui ont visé des grandes catégorises de personnes, des musulmants considérés comme pas intégrés ou pas intégrables, comme posant un problème à l'identité nationale, des blessures causées aux Roms, populations parmi les plus stigmatisées d'Europe", a-t-elle dit.
"Ce rôle essentiel qui a été confié au président de réparer les blessures, d'apaiser les tensions... c'est le pacte de valeurs qui a fondé cette majorité", a estimé Mme Duflot.
Mardi, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a affirmé qu'une minorité des Roms voulait s'intégrer, ajoutant mercredi que les Roms avaient "vocation à retourner dans leur pays et à s'intégrer là-bas". Pour lui, "c'est en Roumanie, et en Bulgarie dans une moindre mesure, que les projets d'insertion doivent être menés".
Mme Duflot est le deuxième membre du gouvernement, après le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, à critiquer les propos de son collègue. M. Montebourg a jugé les propos de M. Valls "excessifs" et méritant d'être "corrigés".