La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a fixé à 2025 l'échéance pour l'égalité des femmes et des hommes, en présentant devant le Sénat son projet de loi visant à combattre les inégalités persistantes.
"L'échéance est transparente, ambitieuse mais réaliste : 2025", a déclaré la ministre. C'est "ce moment où la génération des collégiens qui viennent de faire leur rentrée scolaire (..) entrera dans le monde du travail, fondera une famille et organisera sa vie d'adulte, en se répartissant les rôles, entre femmes et hommes".
"C’est à cette génération de futurs citoyens que s’adresse ce texte ainsi que l’ensemble de l’action du gouvernement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes", a ajouté Mme Vallaud-Belkacem.
"Nous ne sommes pas là pour mener la guerre des sexes", a-t-elle souligné, mais "nous avons la responsabilité historique d'accélérer sur notre route vers l’égalité".
"Nous affirmons, avec ce texte, que l’égalité est un tout, un ensemble cohérent de causes et de conséquences, qui part de l’éducation et de la responsabilité parentale pour aller jusqu’aux violences, en passant par l’égalité professionnelle, et l’égale implication des femmes et des hommes dans la sphère domestique", a-t-elle poursuivi.
A ce sujet, elle a qualifié de "centrale" la réforme du congé parental pour encourager davantage de pères à le prendre, en évoquant un "noeud où les inégalités se resserrent si durement qu’elles contraignent, pour toujours, la carrière des femmes".
Cette réforme du congé parental vise à inciter davantage d'hommes à prendre le congé parental, actuellement pris à 97% par les femmes.
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A partir du 1er juillet 2014, les parents d'un seul enfant, qui ont aujourd'hui droit à six mois de congé, pourront prendre six mois de plus à condition que ce soit le second parent qui en bénéficie. A partir de deux enfants, la durée du congé restera de trois ans à condition que six mois soient pris par le second parent, sinon elle sera raccourcie à deux ans et demi.
André Reichert (UMP) a critiqué ce projet "qui risque de se retourner injustement contre les mères de famille nombreuses, et notamment les plus modestes" si les mères de deux enfants ou plus ne reçoivent plus d'allocation au-delà des 2 ans et demi.
Cette vision est partagée par Muguette Dini (UDI-UC) qui estime que "cette proposition semble avoir plus d'inconvénients que d'avantages".
En revanche elle a estimé que les dispositions en matière de protection des femmes victimes de violences conjugales "permettent de réelles avancées".
Pour sa collègue Chantal Jouanno, "le recul nous menace" en matière de parité. "Le bain culturel, dans lequel les nouvelles générations grandissent, risque bien de faire voler en éclat nos engagements pour la parité", a affirmé l'ancienne ministre centriste.
Elle a souhaité aller "plus loin", notamment dans "la reconnaissance des droits des personnes transgenres ou transexuelles". Elle proposera une révision de la procédure de modification de l'état civil.
Elle a aussi annoncé qu'elle veut interdire les concours de mini-miss: "ne laissons pas nos filles croire dès le plus jeune âge qu’elles ne valent que par leur apparence".
A gauche Catherine Tasca (PS), a estimé que ce texte "permet d’espérer que les inégalités, les clichés, et les stéréotypes ne soient plus, un jour prochain, qu’une trop longue erreur appartenant à l’Histoire". Citant Simone de Beauvoir et rappelant que "l'égalité des femmes et des hommes se construit", Esther Benbassa (Ecologiste) a estimé de son côté que "certaines lois y contribuent".