L’attaque du RER D à Grigny, le 16 mars, et l’agression d’un conducteur de train dans les Yvelines la semaine dernière ont remis au premier plan la question de la sécurité des voyageurs.
Vous dénoncez aujourd’hui, une insécurité qui explose dans les transports…
Il faut tirer le signal d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. Sur les deux premiers mois de l’année, la délinquance a augmentée de 3,72% dans les trains et de 16,8% sur le réseau de bus. Les vols à la tire sont en hausse de +29% sur le réseau ferré et de + 49,6% dans les bus. Selon moi, il y a des vrais signaux d’impunité donnés par le gouvernement que les délinquants ont bien perçu et ils en profitent.
Que manque-t-il pour améliorer la situation ?
Il faut une vidéosurveillance active, c’est à dire traitée en temps réel, pour permettre aux policiers d’intervenir en flagrant délit. Aujourd’hui, environ 400 rames seulement sur 1200 sont équipées de caméras. Et les images sont visionnées à posteriori, pas en direct.
Je voudrais que d’ici à la fin de l’année, les opérateurs grâce au soutien financier du STIF et de la région Ile-de-France s’engagent à ce que dans chaque train, il y ait un wagon avec une caméra visionnée en temps réel et identifié comme tel. Il permettrait aux voyageurs qui le souhaitent de s’y regrouper lorsqu’ils craignent pour leur sécurité, en particulier aux heures creuses et en fin de soirée. Cela coûterait autour de 18 millions d’euros. C’est moins que les 26 millions d’euros du dézonage le week-end.
La présence des agents de sécurité ne suffit-elle pas ?
Nicolas Sarkozy a mis en place une police spéciale des transports franciliens. Il faut renforcer la présence des forces de l’ordre tout au long de la journée. Il faut aussi davantage de présence humaine dans les gares qui sont parfois désertes dans certaines villes.
Les usagers de certains bus sont aussi vulnérables…
La question de la sécurité dans les bus doit être également améliorée. Il faut pouvoir protéger les passagers avec un mode d’alerte discret qui ne repose pas sur les seules épaules du conducteur, au risque de le mettre en danger. Par exemple, avec un système SMS relié directement à la sécurité des transports. Chaque passager doit pouvoir devenir un acteur de la sécurité des autres.
Le Grand Paris Express tel qu’il a été présenté par Jean-Marc Ayrault vous convient-il ?
Je suis soulagée de voir que les élus franciliens, par leur mobilisation, ont sauvé toutes les gares. Mais, en tant qu’ancienne ministre du Budget, je suis inquiète du financement de ce projet d’intérêt national. Ce n’est pas en triplant les PV de stationnement que l’on va parvenir à financer les 27 milliards d’euros d’infrastructure. L'argent n’est pas là et le projet initialement prévu en 2025 a été repoussé à 2030. Malgré les annonces du Premier ministre, le Grand Paris est toujours menacé de ne pas se faire.
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