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Abus de biens sociaux : Kucheida se dit innocent

L'ancien député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, le 9 avril 2013, arrive au palais de justice de Douai [Denis Charlet / AFP] L'ancien député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, le 9 avril 2013, arrive au palais de justice de Douai [Denis Charlet / AFP]

L'ancien député-maire socialiste de Liévin (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Kucheida, jugé mardi devant le tribunal correctionnel de Douai (Nord) pour abus de biens sociaux au détriment du bailleur social qu'il présidait, la Soginorpa, a maintenu qu'il n'avait rien à se reprocher et que "toutes les dépenses étaient justifiées".

L'ancienne figure du PS dans le bassin minier est soupçonné d'avoir utilisé à des fins personnelles pour quelque 47.000 euros la carte bleue de la Soginorpa -qui gère 62.000 logements miniers- entre 2004 et 2011.

Parmi les dépenses litigieuses, qui ont été entièrement remboursées "pour faire taire cette tempête médiatique", selon M. Kucheida, figurent notamment des factures de parkings dans des aéroports parisiens, des repas dans des restaurants, en Corse ou chez Marc Veyrat à Annecy un jour férié, des frais à Abu Dhabi.

"Toutes les dépenses étaient justifiées", a répété à la barre M. Kucheida. "La Soginorpa est un cas d'espèce au niveau national", ces dépenses "étaient nécessaires" pour "défendre" l'organisme, notamment auprès de parlementaires, a expliqué l'ancien député socialiste.

Ces dépenses, "relativement modestes", représentent "un peu plus d'un repas, 340 euros par mois", a estimé M. Kucheida.

Lors de sa garde à vue, le 17 octobre, il avait refusé de répondre aux questions des enquêteurs, estimant qu'il avait été "déjà condamné par la presse". Son avocat, Me Frank Berton, avait par la suite déposé plainte pour violation du secret de l'enquête.

Lors de l'audience, le procureur de Douai Eric Vaillant, jugeant les réponses de M. Kucheida "tardives et insuffisamment justifiées", a réclamé au prévenu des réponses à plus de 150 factures en sept ans.

Jean-Pierre Kucheida et son avocat, Franck Berton, le 9 avril 2013 [Denis Charlet / AFP]
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Jean-Pierre Kucheida et son avocat, Franck Berton, le 9 avril 2013
 

"Quand c'était une dépense personnelle, je me suis toujours dépêché de rembourser au plus vite. Il est fort possible qu'ici ou là j'ai pu commettre une maladresse, mais (...) mes journées commençaient la plupart du temps à 6h du matin pour se terminer à minuit ou une heure du matin. Je faisais sans doute beaucoup trop de choses", a indiqué M. Kucheida, ajoutant avoir "peut-être été négligeant".

Interrogé sur l'absence de justificatifs concernant ces dépenses, qui ont donné à lieu à un grand nombre d'échanges de courriels entre cadres de la Soginorpa, qui affirment avoir alerté M. Kucheida, ce dernier a assuré qu'on "ne les (lui) a jamais demandés".

Selon un cadre du bailleur social, les collaborateurs de M. Kucheida, qui le "craignent", ne se seraient "pas permis de l'interpeller ou de faire une note" au sujet de ces dépenses.

La fille de l'ex-député socialiste, Marie Kucheida, jugée au côté de son père pour recel d'abus de biens sociaux, a déclaré "ne pas (comprendre) ce que je fais là".

Cette photographe indépendante et chargée de mission au conseil régional Nord/Pas-de-Calais est soupçonnée d'avoir reçu de la Soginorpa, par l'intermédiaire d'une association, 12.000 euros pour un livre de photographies, une somme correspondant à "un travail" fait.

"Ce n'est pas parce que je m'appelle Marie Kucheida que je n'ai pas le droit de faire des choses. (...) Qu'est-ce-que j'ai fait de plus qu'être la fille de mon père?", a-t-elle lancé.

Le père et la fille encourent tous deux cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.

Ce procès intervient à un mauvais moment pour le PS, en pleine tourmente de l'affaire Cahuzac, et risque d'alourdir le climat de suspicion qui pesait déjà sur les élus, même si Jean-Pierre Kucheida avait été exclu du PS en mai 2012 pour candidature dissidente aux législatives, où il avait été éliminé dès le premier tour.

M. Kucheida avait quitté fin juin la présidence de la Soginorpa, une société par actions simplifiée (SAS) filiale de l'Epinorpa, un établissement public rattaché à la région Nord/Pas-de-Calais, qu'il dirigeait également.

L'ancien maire de Liévin, qui a cédé son fauteuil en janvier, est visé par deux informations judiciaires et une enquête préliminaire, concernant notamment des irrégularités dans l'attribution de marchés publics dans le Pas-de-Calais.

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