François Hollande a finalement décidé de recevoir les opposants au mariage homosexuel, un rendez-vous qu'ils appelaient de leurs voeux depuis longtemps mais qui ne devrait rien changer sur le fond, le gouvernement restant déterminé à faire adopter le texte avant l'été.
Le chef de l'Etat recevra les associations, a-t-on dit à la présidence, sans préciser la date de l'entrevue. Mais selon le collectif "La Manif pour tous", qui mène le combat contre le projet de loi, la date de vendredi a été évoquée.
"Des contacts ont été pris, mais sans aboutir à ce jour à une date ferme. Le principe de cette rencontre nous assure d'être entendus mais ce sont des actes que nous attendons tous", précise Tugdual Derville, l'un des porte-parole de la Manif pour tous, à DirectMatin.fr.
Ce rendez-vous a été annoncé alors que le collectif organisait à Paris une nouvelle conférence de presse, la deuxième depuis la grosse manifestation du 13 janvier, et avant un nouveau point de presse prévu mercredi.
Invitée à réagir à l'annonce élyséenne, Mme Barjot a répondu qu'elle aurait préféré "avoir l'information directement". "Nous attendons que les modalités soient fixées", a-t-elle ajouté.
Même si ces associations demandaient depuis longtemps à être reçues, comme l'a été l'Inter-LGBT, qui défend le projet, cette entrevue ne devrait rien changer.
François Hollande "réaffirmera sa détermination à faire adopter le texte, le principe ne changera pas", a-t-on souligné à l'Elysée.
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L'humoriste catholique Frigide Barjot, figure de proue du collectif, a laissé entendre que la convocation d'une nouvelle manifestation dépendrait du résultat de l'entretien. Si le projet n'est pas suspendu, il y aura une nouvelle manif, a-t-elle assuré.
"Nous espérons que le gouvernement trouvera le moyen de sortir du piège dans lequel il s'est enferré", a-t-elle souligné.
Dimanche 13 janvier, 340.000 manifestants selon la police (800.000, selon les organisateurs) ont défilé à Paris pour s'opposer au projet.
Les défenseurs du mariage, dont plusieurs milliers ont manifesté en province ce week-end, doivent à leur tour battre le pavé parisien dimanche.
Pour Tugdual Derville, le fait que le rendez-vous à l'Elysée s'organise juste avant le défilé des défenseurs du projet, "n'est sans doute pas anodin".
"Le mouvement est à son début"
"Il ne s'agit pas pour nous de se laisser amadouer", a-t-il prévenu.
Alors que l'examen du projet de loi au Parlement commence mardi prochain, les "anti" ont décidé de multiplier les initiatives, déterminés à occuper le terrain médiatique.
"Notre mobilisation est en train de s'intensifier d'une façon qui nous dépasse", a assuré Frigide Barjot, annonçant un calendrier d'actions pour les semaines à venir.
A partir de février, le collectif appelle à des rassemblements devant les préfectures et les mairies tandis que des meetings seront ensuite organisés chaque semaine dans différentes régions.
Parallèlement, plusieurs dizaines d'élus locaux et nationaux se sont donnés rendez-vous mercredi à la mi-journée pour remettre un courrier au président Hollande.
"Nous relaierons la pétition en ligne qui réclame un référendum sur le sujet", a précisé le maire divers droite du Chesnay, Philippe Brillault, lundi matin.
"J'invite tous les élus locaux à créer leurs comités dans les communes et les cantons, afin de réunir les quatre millions de signatures nécessaires à la révision de la constitution", a-t-il aussi lancé.
Lundi matin, la responsable UMP Valérie Pécresse a mis en cause le chef de l'Etat, assurant qu'en "refusant de recevoir à l'Elysée les anti-mariage homosexuel, il dit bien qu'il les considère comme des citoyens de seconde zone".
En outre, Frigide Barjot a fait savoir lundi qu'une société d'espaces verts de Moselle avait proposé de remettre en état la pelouse du Champ-de-Mars à Paris, piétinée par les manifestants le 13 janvier.