Laurent Berger, 44 ans, a été nommé mercredi soir par la direction de la CFDT à la tête du syndicat, succédant à François Chérèque, qui a dirigé la centrale réformiste durant dix ans.
M. Berger, jusqu'ici numéro deux de la CFDT, a été nommé par le bureau national, instance dirigeante, réuni en marge d'une assemblée générale de la centrale au palais de la Mutualité qui a réuni 1.300 délégués.
Le nouveau patron de la CFDT prononcera son premier discours de secrétaire général jeudi en clôture de l'assemblée générale. Véronique Descacq, chargée de la protection sociale, a été nommée secrétaire générale adjointe.
Cette succession, consensuelle, M. Chérèque l'avait préparée de longue date, favorisant l'ascension de son dauphin au poste de numéro deux en mars dernier. Il avait annoncé en septembre sa décision de ne pas aller au bout de son mandat de quatre ans (mi-2014).
Lors de son ultime discours devant les délégués, François Chérèque a revendiqué la stratégie "réformiste" de la CFDT et déploré les choix "hésitants" du gouvernement face à la crise.
"La CFDT alerte depuis longtemps les décideurs, critique les mauvais choix. Nous ne cherchons à donner de leçon à personne, pas davantage à recevoir des louanges de quiconque", a affirmé M. Chérèque. "Nous avons fait le choix du réformisme, nous le revendiquons avec fierté", a-t-il dit.
M. Chérèque, dont la personnalité chaleureuse est appréciée dans son syndicat, a été longuement ovationné par la salle debout.
Cette succession, a-t-il rappelé, a lieu au moment où la France vit "un moment particulier de crise", où "le chômage a dépassé la barre des trois millions".
"Il y a quelques mois les Français ont porté la gauche au pouvoir avec une énorme attente de justice" mais, selon lui, le "climat de confiance est aujourd'hui ébranlé par l'absence de visibilité sur la sortie de crise".
ci-dessus
Une CFDT audacieuse et exigeante
"La donne économique est complexe", a-t-il admis, mais "les choix politiques sont difficiles, parfois trop hésitants et perçus comme autant de paris risqués", a lancé M. Chérèque qui a souligné devant la presse une certaine "confusion" dans l'approche du gouvernement.
"On verra les intentions du gouvernement pour réformer" lorsque seront prises les décisions sur "le pacte de compétitivité et les négociations sur l'emploi", a-t-il dit.
Alors que le gouvernement Ayrault espère s'appuyer sur la CFDT, partisane du dialogue social, pour avancer dans ces réformes, M. Chérèque a prévenu que son organisation est "courageuse dans ses positions, audacieuse dans ses propositions, exigeante dans ses engagements".
En quittant la tête de la CFDT, M. Chérèque qui rejoindra l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et peut-être aussi la fondation Terra Nova, a reconnu son "attachement affectif" à la centrale et à ses militants. Il restera adhérent de la CFDT.
Il a aussi reconnu un échec: "Depuis cinq ans notre développement plafonne", a-t-il dit. Certes, la centrale reste le premier syndicat en terme d'effectifs (860.000) mais la syndicalisation piétine.
Les délégués ont discuté mercredi des moyens d'"améliorer le fonctionnement" de la centrale. Il s'agit notamment d'aider davantage les militants" pour "amener de nouveaux services aux adhérents".
"Le service aux adhérents est le sujet le plus novateur" sur lequel il y a eu dans le passé des résistances au sein de la centrale, a souligné M. Chérèque.
M. Chérèque a estimé que son successeur ira plus loin pour rénover le syndicat et "bousculer les lignes, changer le mode de communication".
Un premier changement est le nouveau logo de la centrale, dévoilé par M. Berger. Toujours de couleur orange, il propose un nouveau slogan, "s'engager pour chacun, agir pour tous". M. Berger a aussi annoncé une série d'initiatives en matière de communication qui visent à "renouveler l'image de la CFDT, la rendre plus moderne, plus attractive" mais "sans changer notre identité et nos valeurs", a-t-il dit.