Une vingtaine d'élus basques français de diverses tendances politiques, soutenus par environ 500 manifestants, ont réclamé lundi dans une lettre à François Hollande la "libération immédiate" de la militante basque Aurore Martin, tandis que sa famille contestait le caractère "fortuit" de son arrestation jeudi.
"Nous sommes consternés" par l'arrestation, a déclaré la députée PS Colette Capdevielle, en faisant lecture à la presse, dont l'AFP, de la lettre adressée au président de la République, et remise en sous-préfecture de Bayonne.
"Nous demandons la libération immédiate d'Aurore Martin, les faits visés par (son) mandat d'arrêt sont légaux en France", ajoute la missive, qui souligne le "contexte particulier" de l'arrestation, un an après la conférence d'Aiete (Espagne) "qui a enclenché un processus de paix".
Aurore Martin, 33 ans, membre du parti nationaliste Batasuna illégal en Espagne, a été arrêtée jeudi à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) à la suite d'un contrôle routier fortuit selon le ministère français de l'Intérieur, puis remise aux autorités espagnoles.
Incarcérée près de Madrid, elle encourt jusqu'à 12 ans de prison en Espagne pour des "faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme". Elle faisait l'objet d'un Mandat d'arrêt européen (MAE) de la part des autorités espagnoles.
Dans un communiqué, transmis à l'AFP, la famille et les amis d’Aurore Martin ont affirmé lundi ne pas croire que c'est un "contrôle fortuit" qui aurait conduit à l'arrestation, et ont demandé l’intervention de François Hollande pour qu'"Aurore revienne parmi nous".
"Nous ne croyons pas à un contrôle fortuit", déclarent-ils, en réfutant des déclarations en ce sens du ministre de l'Intérieur Manuel Valls à Sud Ouest Dimanche et au Parisien. "Nous affirmons que Manuel Valls est un menteur", écrivent-ils.
Ils disent avoir reçu plusieurs témoignages "attestant qu’au moment de l’arrestation d’Aurore, d’autres contrôles de gendarmerie ont eu lieu" sur des routes qu’elle était susceptible d’emprunter.
S'agissant de la "clandestinité" dans laquelle selon M. Valls vivait Aurore Martin, ses amis assurent que depuis son retour à la vie publique le 18 juin 2011 lors d'un meeting politique à Biarritz, elle vivait "normalement au vu et au su de tout le monde". Ils produisent des photocopies de courriers adressés à la jeune femme entre avril et octobre 2012, pour sa carte grise, son inscription à Pôle Emploi, au RSA.
A Bayonne, neuf des élus dont le sénateur MoDem Jean-Jacques Lasserre, Max Brisson, secrétaire départemental UMP, Colette Capdevielle, députée PS, ont été reçus en sous-préfecture, où ils ont remis la lettre pour M. Hollande.
Pour la conseillère régionale Verts, Alice Leiciagueçahar les élus attendent "un signe fort de paix" du gouvernement socialiste français, qui selon elle peut-être "porteur de paix" au Pays basque.
Des représentants d'associations présentes lundi, comme l'association de défense des immigrés Cimade, ont appelé à une forte participation à une manifestation "pour la paix" samedi à Bayonne, en référence à un rassemblement prévu de longue date en faveur des droits des prisonniers basques, et soutenue par plusieurs organisations politiques, syndicats et associations.
Dans leur communiqué, la famille et les amis d'Aurore Martin en appellent "à l’arbitrage de François Hollande qui lors de sa campagne présidentielle avait parlé de clémence pour Aurore". Ils lui demandent de "faire "tout (son) possible pour qu'Aurore revienne parmi nous et que la vérité sur les circonstances de son arrestation soit faite".
Selon son avocate française Amaia Recarte, l'avocate espagnole d'Aurore Martin Jone Celaya du barreau de Bilbao, a déposé lundi une demande de mise en liberté à l'Audiencia nacional de Madrid.
Me Celaya avait indiqué dimanche à l'AFP que la demande devrait être examinée rapidement, avec "peu d'espoir" de succès, par le même magistrat qui a décidé de la mise en détention. Sous cinq jours, un deuxième recours peut toutefois être déposé, examiné cette fois par trois autres magistrats.