Le Parti radical de gauche (PRG) de Jean-Michel Baylet a affiché dimanche devant le Premier ministre sa "loyauté" envers le gouvernement en approuvant le traité budgétaire européen, mais a lancé un avertissement sur la question "sensible" de la limitation du cumul des mandats.
Jean-Marc Ayrault était venu assister, au Parc floral à Paris, à la clôture des débats du congrès du PRG, qui a reconduit à sa présidence M. Baylet pour un dernier mandat de trois ans.
"Les radicaux auront à coeur d'être des alliés fidèles et loyaux mais ils sauvegarderont leur liberté d'expression", lui a lancé le président du parti depuis la tribune.
Composante de la majorité, le PRG, qui avait participé à la primaire socialiste de l'automne 2011, puis à la campagne présidentielle de François Hollande, compte depuis mai et juin deux groupes parlementaires et deux ministres, Sylvia Pinel (Commerce et Tourisme) et Anne-Marie Escoffier (Décentralisation).
Loyauté d'abord. Elle a pu être vérifiée lors d'un vote demandant aux congressistes d'approuver le traité budgétaire européen et mandatant les parlementaires de faire de même. Sur 600 à 800 participants dans la salle, seuls deux ont voté "contre" et quatre se sont abstenus.
Alors que la gauche de la gauche s'apprêtait à manifester dimanche dans Paris contre un traité synonyme à ses yeux d'"austérité" institutionnalisée, le Premier ministre a lui lancé un nouveau plaidoyer en faveur du pacte budgétaire.
Le vote au Parlement constitue une "étape essentielle" et "manquer ce rendez-vous" serait "prendre une responsabilité historique", a lancé M. Ayrault. "L'ambiguïté en disant +non+, c'est aussi engager la sortie de l'euro", a-t-il prévenu.
Sur un autre sujet, les radicaux de gauche n'ont pas hésité à afficher leur "singularité" ou "liberté d'expression".
Ainsi de l'engagement de M. Hollande de faire voter une loi limitant le cumul des mandats, en particulier entre une fonction parlementaire et un mandat exécutif local (maire ou maire adjoint par exemple).
C'est un sujet "assez polémique", a mis en garde, avec euphémisme, M. Baylet. "Par leur culture, leur histoire et leur expérience quotidienne, les radicaux ne veulent pas que les parlementaires soient privés de l'exercice de responsabilités locales qui enrichissent leur travail législatif. Nous serons très vigilants sur ce point", a-t-il lancé.
Sur le plan interne, M. Baylet, président du PRG depuis 1995, a été reconduit "par acclamation" par les congressistes pour un dernier mandat de trois ans, au terme duquel il souhaite céder la direction à "une nouvelle génération".
Le sénateur de 65 ans, président du conseil général du Tarn-et-Garonne, a mené conjointement carrières politique et d'homme de presse à La Dépêche du Midi, dont il est le PDG.
Secrétaire d'Etat aux Relations extérieures (1984-86) dans le gouvernement de Laurent Fabius, il a également été secrétaire d'Etat chargé des collectivités locales (1988-90) ou encore ministre du Tourisme (1990-1993). Il a aussi été maire de Valence-d'Agen (1977-2001).
Son parcours est entaché par une mise en examen depuis juin 2009 pour favoritisme, dans une affaire concernant les conditions de mise en concurrence pour le marché du bulletin trimestriel de son conseil général. Il assure qu'il n'a commis aucune faute et plaide pour un non-lieu.
Enfin, le PRG, qui compte 10.000 adhérents, s'est fixé ce week-end comme objectif de doubler ce nombre "d'ici à la fin 2013" avec une "direction authentiquement collégiale, paritaire et resserrée". M. Baylet veut s'appuyer sur "une équipe de dix" des "cadres les plus jeunes" du parti, dans laquelle se trouvera celui ou celle qui lui succédera.