Candidate affichée au perchoir, Ségolène Royal devra d'abord franchir dimanche l'épreuve des urnes à La Rochelle pour devenir la première femme présidente de l'Assemblée. Et comme son élection s'annonce difficile, d'autres socialistes rêvent déjà de prendre sa place.
Le deuxième tour des Législatives n'est pas encore terminée que déjà quelques ténors socialistes se positionnent pour enlever la présidence de l'Assemblée nationale. Il y a quelques semaines, la cause semblait entendue. Dès la fin de la primaire socialiste Ségolène Royal avait assuré que François Hollande et Martine Aubry lui avaient "ouvert la perspective" de devenir présidente de l'Assemblée en cas de victoire de la gauche.
Royal, une candidature mal engagée
Oui mais voilà. Le perchoir c'est aussi une élection et vraiment pas une nomination, quand bien elle est soutenue par Jean-Marc Ayrault, le premier ministre en personne. D'abord, l'ancienne candidate à la Présidentielle de 2007 devra gagner son duel fratricide avec Olivier Falorni à La Rochelle dimanche alors que la situation parait mal engagée. Et si par miracle elle s'en sort, la confirmation maladroite de sa candidature au soir du premier tour n'a sans doute pas favorisé sa cause auprès des députés socialistes qui taclent volontiers son absence de travail parlementaire depuis 1986. Alors d'autres candidats sont déjà sur les rangs. Et les difficultés rencontrées par Ségolène Royal cette semaine ont aiguisées un peu plus les appétits.
Glavany à la tête d'un front anti-Ségo ?
La candidature de Jean Glavany, ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand et orateur réputé parait parmi les plus crédibles. Député des Hautes-Pyrénées en ballotage très favorable pour le second tour, certains voient la main de ce jospiniste derrière les déboires de Ségolène Royal à La Rochelle.
Début juin, le quotidien Le Monde rapportait qu'un "front anti-Ségo" se serait constitué autour de lui. Mais, pour le député des Hautes-Pyrénées, "il est beaucoup trop tôt pour en parler publiquement et faire acte de candidature. Cette manière de s'auto-proclamer d'ailleurs passe très mal. Aussi bien moi, dans les Hautes-Pyrénées que d'autres, en Charente-Maritime, nous ne sommes pas encore élus...". Joli tacle à l'endroit de Ségolène Royal à peine tempéré par ses propos sur BFMTV mercredi : "je vous mets au défi de trouver une moindre déclaration de moi annonçant ma candidature. Je ne l’ai jamais dit et je ne veux pas le dire. Je déciderai dimanche soir et si je le suis [candidat] je le dirai lundi et si je ne le suis pas, je le dirai lundi aussi".
Et quand on lui demande de s'attarder sur le cas Royal, il fait le service minimum : "Si Ségolène Royal est élue, ce que le PS souhaite et je suis membre du PS donc je le souhaite, on sait déjà qu’elle sera candidate à autre chose. Si Olivier Falorni est élu, c’est un autre cas de figure qui n’est celui qu’aujourd’hui souhaite le PS, donc je ne vais pas commenter quelque chose que le PS ne souhaite pas puisque je suis membre du PS".
Bartolone s'y voit aussi
Dans cette course au perchoir reste aussi en embuscade Claude Bartelone, un des déçus du Hollandisme. Jeudi sur Europe 1, il a quasiment fait acte de candidature. A la question "vous présenterez-vous ?", le député de Seine-Saint-Denis, lui aussi en ballotage favorable pour dimanche, a répondu à deux reprises : "Lundi, vous m'invitez, je vous le dirai". Cet ex-fabiusien rallié à Hollande dispose pour parvenir à ses fins des solides réseaux de son ancien mentor. Et la victoire annoncée des socialistes sur les communistes dans le département qu'il préside pourrait lui être précieux pour peser sur le scrutin.
Lang y croit encore
Concurrent déclaré depuis février dernier, l'ancien ministre Jack Lang se verrait bien "à la présidence de l'Assemblée nationale" en cas de victoire de la gauche. Reste que ses chances paraissent minimes car outre son parachutage controversé dans les Vosges, l'ancien ministre de la Culture ne jouit pas d'une grande popularité au sein des députés PS, surtout après avoir voté, contre le groupe, la réforme constitutionnelle de 2008.
Autant de candidats donc qui ne pleurent pas sur le sort de Ségolène Royal, quelques semaines après avoir été soulagé de voir Marylise Lebranchu, député du Finistère et proche de Martine Aubry, entrer au gouvernement comme ministre de la réforme de l’Etat et de la décentralisation.