Les sondages politiques influencent les intentions de vote des électeurs, selon une enquête réalisée par un institut d'études marketing, en collaboration avec des spécialistes des interactions sociales.
Comme pour un sondage, l'Institut d'études cognitives des médias et de la publicité (MediaMento) a interrogé en ligne, entre le 16 et le 18 avril, un panel de 1.000 personnes "toutes inscrites sur liste électorale, et sur une base nationale représentative".
Les participants ont vu six résultats de sondages fictifs (en rotation aléatoire et sans mention de source émettrice) et ont répondu après chacun sur leur intention de vote. Le tout entrecoupé de questions sur des sujets autres que politiques pour détourner momentanément leur attention.
La consigne était: "Voici la liste des 10 candidats ainsi que la possibilité de voter blanc ou de s'abstenir: donnez le nombre de chances sur 100 que vous avez de voter au 1er tour de la présidentielle dimanche prochain pour un des candidats (ou de vous abstenir, ou de voter blanc)...".
"Les résultats de cette étude sont pour le moins explicites: les sondages ont une influence sur les intentions de vote", a indiqué MediaMento vendredi dans un communiqué.
L'étude a été réalisée en collaboration avec des spécialistes de psychologie sociale et de neurosciences de la décision du laboratoire de Psychologie cognitive d'Aix-Marseille (université et CNRS), Olivier Oullier et Pascal Huguet, qui ont été consultés sur la méthodologie et l'analyse.
"C'est une petite étude qui tient la route, avec des résultats simples et clairs", a déclaré à l'AFP Olivier Oullier. Il a souligné que les variations proposées dans les résultats de sondages fictifs étaient "réalistes". Elles concernaient "les deux principaux candidats", a-t-il précisé.
Près d'un quart (24,9%) des personnes ayant participé à l'étude ont ainsi changé de "candidat favori" dans leurs intentions de vote, selon les différents résultats de sondages qui leur étaient exposés.
"En moyenne, chez une même personne interrogée plusieurs fois d'affilée, les intentions de vote pour un candidat ont varié de 9,8 points. Chez ceux qui ont changé de favori à un moment, cet écart passe à 23 points", a précisé à l'AFP Dorothée Rieu, fondatrice et dirigeante de MediaMento.
Pour Pascal Huguet, directeur de recherche au CNRS, cette étude "est intéressante car elle montre que les intentions de vote changent selon l'écart indiqué par le sondage entre les deux candidats les mieux placés".
"Savoir que cet écart est faible, fort ou nul influence manifestement les intentions de vote sur l'ensemble des candidats en compétition", a-t-il ajouté, cité dans le communiqué de MediaMento.