La question de l'euthanasie oppose de manière tranchée les candidats de droite hostiles à tout changement de la loi Leonetti qui encadre la fin de vie, à ceux de gauche favorables à une évolution vers une "aide active à mourir", expression qu'ils préfèrent au mot euthanasie.
Les candidats de droite et d'extrême droite se sont exprimés en termes presque similaires contre tout changement de la loi Leonetti, votée de manière très consensuelle en 2005, pour interdire l'acharnement thérapeutique et instaurer un droit au "laisser mourir".
Cette loi autorise l'administration par les médecins de traitements anti-douleur permettant de soulager la souffrance avec pour "effet secondaire d'abréger la vie" d'un malade, tout en excluant l'injection létale au malade comme c'est autorisé à des degrés divers aux Pays-Bas, en Belgique et en Suisse.
Pour le candidat-président Nicolas Sarkozy, "la loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie" alors que "l'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux".
Même position assumée par le centriste François Bayrou pour qui la loi Leonetti "constitue un équilibre qu'il faut préserver car elle évite deux écueils que je ne souhaite pas: d'un côté l'acharnement thérapeutique et de l'autre l'euthanasie qui porte un risque non négligeable de comportements contraires à nos valeurs".
Pour Marine Le Pen, la loi existante est "largement suffisante", "même s'il y a beaucoup de progrès à faire en termes de prise en charge et pour lutter contre la douleur". Positions similaires chez le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et l'inclassable Jacques Cheminade.
A gauche, les candidats sont au contraire généralement favorables, avec des nuances, à une évolution de la loi vers un "droit à mourir dans la dignité".
Le candidat socialiste est partisan dans "des conditions précises et strictes" d'une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".
"Dignité"
Sans utiliser le mot d'"euthanasie", François Hollande estime qu'"il faudra une procédure: quand une personne demande, parce qu'elle n'en peut plus (...) d'en terminer avec cette souffrance".
"Il ne s'agit pas de dépénaliser mais d'encadrer cette mort dans la dignité", selon le candidat du PS qui juge que la loi Leonetti est "utile" mais qu'il y a un "manque considérable" et qu'il "faut davantage de soins palliatifs".
Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, est un partisan déclaré et de "longue date" du "suicide assisté", faisant de l'euthanasie un droit qu'il veut même "inscrire dans la Constitution".
Il est d'ailleurs l'un des deux seuls candidats, avec Eva Joly, à avoir répondu à l'invitation de l'association pro-euthanasie ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité) dont il est membre, à venir défendre à un meeting fin mars à Paris le "droit à éteindre soi-même la lumière".
A la même tribune, l'écologiste Eva Joly avait également soutenu "l'aide active à mourir", mais appliquée de manière "exceptionnelle" et strictement encadrée par une "commission de contrôle", jugeant la loi Leonetti "insuffisante".
Sur la même longueur d'onde, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Philippe Poutou veut une nouvelle loi pour "rendre possible et encadrer la possibilité de l'euthanasie".
En revanche, la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Artaud doute qu'une "loi légalisant l'euthanasie active" puisse dans la société actuelle "résoudre le problème d'une manière totalement humaine et libérée de toute considération d'intérêt particulier".