TVA sociale, taxation des riches et chasse tous azimuts aux exilés fiscaux: rarement présidentielle aura été aussi intense en promesses fiscales, les candidats s'accusant mutuellement de vouloir "matraquer" les classes moyennes et populaires.
TVA
Avant même de briguer un second mandat, Nicolas Sarkozy a fait voter la TVA "sociale" ou "antidélocalisations". Elle se traduit par une hausse de la principale taxe sur la consommation, de 19,6% à 21,2%, pour financer des baisses de charges patronales censées doper la compétitivité de l'industrie. Comme elle n'entrera en vigueur qu'en octobre, François Hollande promet d'abroger cette TVA "antisociale" en cas de victoire.
De son côté, le candidat du MoDem François Bayrou prévoit la hausse de la TVA, pour résorber le déficit public, d'un point cette année et un autre en 2014 "si la croissance n'est pas au rendez-vous".
RÉFORME FISCALE
C'est la grande priorité du candidat socialiste: dès l'été prochain, François Hollande veut engager la fusion progressive de l'impôt sur le revenu avec la contribution sociale généralisée (CSG). Il s'agira de taxer les revenus du capital comme ceux du travail, tout en plafonnant les niches fiscales. Une nouvelle tranche d'impôt à 45% pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part sera instaurée. Mais c'est surtout le super impôt à 75% pour la part des revenus dépassant un million par an qui a frappé les esprits, même si cela ne concerne qu'une poignée d'ultra-riches. François Hollande veut aussi baisser le bénéfice du quotient familial pour les ménages aisés.
Parallèlement, il veut revenir sur des mesures emblématiques du quinquennat Sarkozy, comme l'allègement de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et des droits de succession, ou la défiscalisation des heures supplémentaires.
Le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon veut aussi relever l'ISF, rendre "réellement progressif" l'impôt sur le revenu en visant davantage le capital, et créer une contribution sur les revenus financiers pour remplacer la CSG.
François Bayrou entend également rendre l'impôt "plus progressif", avec une tranche à 50% pour les revenus dépassant 250.000 euros par part. L'ISF doit devenir, pour le candidat centriste, une "contribution de solidarité sur le patrimoine".
Nicolas Sarkozy annonce de son côté la remise à plat de la prime pour l'emploi, remplacée par des baisses de charges permettant d'augmenter les bas salaires.
LA CHASSE AUX NICHES...
Déjà largement engagée, la réduction des niches fiscales sera poursuivie par la plupart des candidats. François Bayrou prévoit un "coup de rabot général de 15% sur trois ans". François Hollande veut les plafonner. Nicolas Sarkozy vise des dispositifs plus précis, comme celui dont bénéficient les propriétaires qui font de gros travaux dans un appartement mis en location.
... ET AUX EXILÉS FISCAUX
C'est une des surprises de la campagne. Pour riposter aux "75%" de son adversaire socialiste, le candidat de l'UMP a dégainé une taxe sur les revenus du capital des Français de l'étranger. François Hollande a aussitôt renchéri en promettant de taxer le patrimoine des exilés fiscaux. Jean-Luc Mélenchon propose de longue date d'imposer les revenus des expatriés.
Ces mesures nécessitent la renégociation des conventions fiscales entre la France et les autres pays. Nicolas Sarkozy et François Hollande veulent donner la priorité aux accords avec la Suisse, la Belgique et le Luxembourg.
QUI PAIERA L'ADDITION?
Comme à chaque élection le débat resurgit: la droite accuse la gauche de vouloir "matraquer" les classes moyennes et populaires; le PS soupçonne en retour l'UMP de "cacher" des hausses d'impôts pour tous les Français.
De fait, François Hollande prévoit d'augmenter les impôts davantage que Nicolas Sarkozy. Avec le candidat socialiste, les prélèvements obligatoires atteindraient en 2017 46,9% du produit intérieur brut, contre 45,6% chez celui de l'UMP.
François Hollande dit viser essentiellement les ménages les plus aisés. C'est en partie vrai, mais pas totalement, puisqu'il entend revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires, qui bénéficie à une large palette de travailleurs, et qu'il veut relever de 0,1 point par an les cotisations vieillesse.
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