Les socialistes, notamment François Hollande ainsi que le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, ont dénoncé mardi la rémunération de 16 millions d'euros que s'apprêterait à toucher le patron de Publicis, Maurice Levy.
En meeting à Boulogne-sur-Mer, le candidat PS François Hollande a lancé: "Il y a quand même des inégalités qui ne sont pas supportables dans notre pays, qu'on ne peut pas accepter et ce ne sont pas ces patrons-là qui vont nous faire la leçon sur la compétitivité de l'économie française!".
M. Hollande avait été récemment l'invité d'un forum sur la compétitivité organisé par Le Monde et l'AFEP (Association française des entreprises privées) présidée par M. Lévy.
"Moi qui avait fixé la barre à un million d'euros, sacrée différence!", a-t-il lancé, en allusion à sa proposition d'instaurer une taxation à 75% pour les revenus supérieurs à un million d'euros par an.
Jérôme Cahuzac, conseiller de François Hollande budget et fiscalité, a renchéri dans l'émission "Preuves par 3" (Public Sénat/AFP): "L'inégalité dans la répartition de la richesse produite, quand elle est à ce point, est un désordre et ce désordre, il faut y mettre fin".
"Est-ce que, vraiment, on peut estimer que cette année, Maurice Lévy a eu une utilité sociale dont la juste contrepartie serait de percevoir 22 millions d'euros? Eh bien, je ne le crois pas", a jugé le député du Lot-et-Garonne.
Pour Bruno Le Roux, porte-parole de François Hollande, "Maurice Lévy confirme la pertinence de la proposition de François Hollande en matière de lutte contre les rémunérations excessives".
M. Le Roux rappelle qu'"au mois d'août, Maurice Lévy s'était lucidement exprimé en faveur d'une plus grande imposition des grands patrons, avant de se dédire en s'élevant contre la proposition de François Hollande d'imposition à 75% des revenus supérieurs à 1 million d'euros. A la lumière de ces éclaircissements, on comprend mieux le sens de ce revirement".
Par ailleurs, Nicolas Dupont-Aignan, candidat souverainiste à la présidentielle, s'est ému de cette rémunération, en lançant à plusieurs reprises "Honte à lui !", sur le plateau de "Preuves par 3" .
"Est-ce qu'il se rend compte un instant de ce qu'il est en train de faire", s'est interrogé le candidat de Debout la République, enchaînant: "je ne crois, pas sinon il ne le ferait pas s'il était un homme sensé".
"Il devrait y renoncer et le partager entre tous les employés de sa société", a poursuivi Nicolas Dupont-Aignan, faisant valoir que "deux millions d'enfants sont élevés dans notre pays sous le seuil de pauvreté, un pays qui jette ses ouvriers et ses agriculteurs".
Maurice Lévy va toucher cette année 16 millions d'euros de rémunération différée, qui s'ajoute à sa rémunération régulière, a affirmé lundi le site internet La Tribune.
Le groupe n'a pas confirmé le montant de cette partie de salaire variable mise de côté pour lui être versée en 2012, mais a précisé que cette rémunération n'est ni un "parachute doré", ni "une indemnité de départ" et "devrait lui être versée dans les mois à venir".
Cette rémunération a été approuvée en assemblée générale et est soumise à certaines conditions, notamment que M. Lévy exerce sa fonction de président du directoire jusqu'à fin 2011, précise le groupe.