François Fillon a ironisé vendredi devant des militants UMP dans l'Isère sur les sondages qui disent que "c'est plié" en faveur de François Hollande à la présidentielle, lançant "bonne nuit les petits et faites de beaux rêves".
Devant un millier de militants réunis à Morestel (Isère), le Premier ministre a marché dans les pas de son mentor, Philippe Séguin, qui avait contribué en 1995 à renverser la vapeur en faveur de Jacques Chirac contre Edouard Balladur en mettant en garde contre les sondages qui prédisaient la victoire du second.
"Comment vous remercier de votre présence alors même qu'on vous dit, matin, midi et soir, que tout est plié?" a lancé le chef du gouvernement, à deux jours de la grand-messe de Villepinte où Nicolas Sarkozy entend refaire son retard.
"Le candidat du Parti socialiste se voit déjà à l'Elysée et c'est à peine s'il ne commence pas à parler de lui à la troisième personne", a-t-il fait valoir. "Partout, sondeurs, observateurs et commentateurs nous disent qu'ils ont scruté le coeur des Français et que l'affaire est entendue", a poursuivi M. Fillon.
"Bref, circulez, il n'y a plus rien à voir! Bonne nuit les petits, faites de beaux rêves", a raillé M. Fillon.
"Mais voilà, on ne met pas la démocratie en équation et on ne dispose pas du peuple français qui n'aime rien tant que sa liberté", a estimé le chef de la majorité, reprochant au PS de vouloir gagner "sur le seul rejet" de M. Sarkozy.
Selon lui, l'UMP peut encore penser à la "victoire car tout se cristallisera dans les derniers jours et tout se décidera entre les deux tours". "Ce quinquennat n'est pas une parenthèse", a expliqué M. Fillon, pour qui "le socialisme est un luxe que les vieux pays européens ne peuvent plus se payer".
"On peut aimer ou ne pas aimer le style du président, on peut soutenir ou au contraire critiquer ou dénoncer ses réformes mais personne ne se pose la question de savoir s'il peut tenir le rôle de chef de l'Etat, alors qu'on se la pose largement" pour M. Hollande, qui "agit comme une éponge", a-t-il fait valoir.
"François Hollande est dans la parole, Nicolas Sarkozy dans l'action (...) il a agi, il a décidé, il a tranché", a souligné M. Fillon, décrivant le député de Corrèze en homme de "la synthèse à tout prix".
Il a reproché au candidat socialiste de vouloir "surimposer les talents et les fortunes", au risque de les voir "s'exiler".
Le Premier ministre a aussi égratigné les positions de M. Hollande sur l'Europe, dont l'abstention sur le Mécanisme européen de stabilité, le refus de voter la règle d'or budgétaire et la volonté de renégocier le traité européen.
"M. Hollande et le Parti socialiste ont choisi un petit calcul politicien plutôt que l'intérêt général européen", a dénoncé M. Fillon, accusant M. Hollande de "tourner le dos à trente ans d'engagement européen".
Enfin, il a rappelé que les socialistes avaient promis de revenir sur les réformes des retraites de 1993, 2003 et 2007. "Il n'en est plus question dans le projet de François Hollande", a relevé M. Fillon, pointant un PS "qui siffle les réformes dans les tribunes avant de les assumer discrètement et piteusement".