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Immigration: Sarkozy accusé de jouer la carte "préférence nationale"

Nicolas Sarkozy, qui a affirmé mardi qu'il y avait "trop d'étrangers" en France, est accusé de jouer ouvertement la carte de la "préférence nationale" quand, de l'avis des spécialistes, son objectif de réduire l'immigration légale se heurte au droit européen[AFP]

Nicolas Sarkozy, qui a affirmé mardi qu'il y avait "trop d'étrangers" en France, est accusé de jouer ouvertement la carte de la "préférence nationale" quand, de l'avis des spécialistes, son objectif de réduire l'immigration légale se heurte au droit européen.

Les propositions que le président-candidat a formulées mardi soir sur France 2, sur l'accès aux prestations sociales des étrangers, sont une "forme déguisée de préférence nationale", juge Antoine Math, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales.

Le chef de l'Etat "endosse sans le dire le concept de préférence nationale", renchérit SOS Racisme, l'association d'aide aux étrangers Cimade estimant que M. Sarkozy "reprend un thème de l'extrême droite en liant le chômage au nombre d'étrangers" en France.

France Terre d'Asile dénonce "l'effet écran de fumée pour faire diversion aux vraies questions qui taraudent la société française".

Le président a proposé que "pourront bénéficier du Revenu de solidarité active (RSA) et du minimum vieillesse les immigrés qui auront résidé dix ans en France et travaillé cinq ans".

Mais en réalité, la loi de financement de la Sécurité sociale 2012 a déjà porté à dix ans la durée de résidence en France pour qu'un étranger non-européen puisse bénéficier de l'Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa).

Avant la loi de financement de la Sécu 2012, les étrangers non communautaires étaient éligibles à cette prestation après un délai de résidence de cinq ans.

L'Aspa (709 euros par mois pour une personne seule ou 1.157 euros pour un couple) est allouée aux personnes d'au moins 65 ans, résidant en France et n'ayant pas cotisé à un régime obligatoire de retraite.

Quant au RSA, la durée de résidence est de cinq ans de manière régulière et ininterrompue, avec aussi des titres de séjour autorisant à travailler. Avant la mise en place du RSA en 2009, il fallait justifier de trois ans de résidence dans les mêmes conditions pour bénéficier du RMI.

Autre proposition phare de Nicolas Sarkozy: diviser par deux le nombre d'entrées régulières d'étrangers au cours d'un second quinquennat, pour passer d'environ 200.000 à 100.000 par an. Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant visait jusqu'à présent un objectif de 150.000 immigrés par an.

La proposition de M. Sarkozy "est impossible, absurde et irréalisable, sauf à dénoncer les conventions internationales ratifiées par la France", a dénoncé le président de la Cimade Jérôme Martinez.

Les entrées régulières se font à travers l'immigration estudiantine et professionnelle, le regroupement familial, l'asile politique et les mariages mixtes.

Or, observe M. Martinez, "la France a besoin d'étudiants étrangers et de main d'oeuvre qualifiée". En même temps, "elle ne peut pas priver un immigré en situation régulière de faire venir sa famille sans enfreindre le droit communautaire, ne peut pas faire la police des sentiments sur les mariages mixtes et ne peut pas arrêter d'accorder l'asile sauf à sortir de la Convention de Genève, ce qui serait un accident nucléaire".

La volonté de réduire l'immigration légale est "un disque rayé" de M. Sarkozy, qui "a déjà fixé des objectifs chiffrés sans y arriver", abonde Serge Slama, professeur de Droit et expert auprès du Groupe d'information et de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti).

Officiellement, le nombre d'étrangers admis à séjourner légalement en France a presque triplé en 15 ans: de 76.000 personnes en 1995 à 198.000 en 2010, avec un record de plus de 214.000 personnes en 2004 et plus de 206.000 en 2003, lorsque M. Sarkozy était ministre de l'Intérieur.

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