Un rapport de novembre 2011 émanant du Conseil général de l'alimentation (CGA), révélé mercredi par le site internet du Point et contesté par le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, pointe des "dérives" dans le système d'abattage des bovins et des ovins en France.
Selon cet audit de 54 pages, rédigé pour le CGA par dix experts et hauts fonctionnaires du ministère, le volume d'abattage rituel est estimé à 40% pour les bovins et 60% pour les ovins "alors que la demande en viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10% des abattages totaux".
"Ce qui ne devait être qu'une dérogation s'est généralisée, et il convient donc d'analyser les causes de cette dérive", écrivent les experts dans ce rapport très technique, intitulé "La protection animale en abattoir: la question particulière de l'abattage rituel", dont LePoint.fr ne publie que quelques extraits.
"Comme pour les petits ruminants, des bovins sont abattus rituellement au prétexte que l'on ne sait pas si la viande va se trouver dans le circuit normal ou dans le circuit halal", affirme le document, qui estime aussi que l'abattage rituel induit "l'hypothèse probable d'une souffrance animale plus importante que prévu".
"Ces chiffres sont faux et je les démens formellement", a réagi Bruno Le Maire, interrogé par l'AFP. "C'est 14% du tonnage des viandes abattues en France qui sont abattues rituellement", a ajouté le ministre, en s'appuyant sur des études réalisée en 2009 et 2010 sur l'ensemble des abattoirs français.
Selon Bruno Le Maire, le rapport du Conseil général de l'alimentation n'a en revanche porté que sur une quinzaine d'abattoirs "les plus problématiques de France", ce qui explique que" "son ton soit très négatif".
Lancée par Marine Le Pen mi-février, la polémique sur la viande halal a enflammé depuis la campagne présidentielle, le président-candidat Nicolas Sarkozy appelant notamment à reconnaître "à chacun le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non" et plaidant pour "l'étiquetage des viandes en fonction de la méthode d'abattage".
D'après une précédente étude des ministères de l'Agriculture et de l'Intérieur en 2005, publiée sur le site www.abattagerituel.com, 80% des ovins, 20% des bovins et 20% des volailles étaient abattus en France selon le rite halal.
"En nombre de têtes, 12% des bovins sont abattu de manière rituelle et près de 50% des ovins", a affirmé de son côté M. Le Maire à l'AFP mercredi.
"Nous travaillons depuis près d'un an sur un encadrement très strict de l'abattage rituel", a-t-il fait valoir, rappelant un décret du 28 décembre 2011, qui va obliger les abattoirs pratiquant l'abattage halal ou casher à se déclarer en préfecture et tenir un registre des abattages et des commandes.
Assurant n'avoir rien à cacher, les professionnels de la filière viande se sont dits prêts mercredi à anticiper l'application de ces mesures pour mieux assurer la traçabilité de leurs produits, selon François Langlois, président de l'Association interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev).