Elle nous a envoûtés dans «Portrait de la jeune fille en feu», fait rire aux larmes dans «L'innocent» et nous hypnotise à travers le rôle d'un personnage culte du cinéma érotique. A l'affiche du film «Emmanuelle», qui sort ce mercredi en salles, Noémie Merlant attire tous les regards, et c'est amplement mérité.
Une touche-à-tout. Du «jour où tout a basculé» à la cérémonie des César 2023, Noémie Merlant en a parcouru du chemin. Elle incarne aujourd'hui à l'écran le personnage de la suflureuse Emmanuelle, dans une version revisitée et empreinte de féminisme du film éponyme, véritable onde de choc à sa sortie en 1974. Tantôt danseuse classique, chanteuse soliste et mannequin, Noémie Merlant coche toutes les cases, mais ne s'enferme dans aucune. Dans «Le ciel attendra», la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar lui avait offert le rôle d'une jeune fille au quotidien ordinaire, radicalisée par des djihadistes. La cinéaste en fait ensuite sa muse, lui proposant de se glisser dans la peau d'un homme trans, personnage principal du film «A good man».
DES LARMES AU RIRE, IL n'y a qu'un pas
Noémie Merlant se rend toujours là où on ne l'attend pas, jusqu'à (enfin) révéler sa facette comique dans le film «L'Innocent», réalisé par Louis Garrel. Elle y incarne la survoltée et hilarante Clémence, personnage qui lui vaudra le César de la Meilleure actrice dans un second rôle. Et cette personnalité clownesque qu'on ne lui connaissaît pas séduit, elle qui avait campé des personnages plus sages. Son humour fait mouche auprès du duo inséparable de réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache («Intouchables», «Nos jours heureux»), qui lui proposent le rôle d'une activiste éco-anxieuse. Un long-métrage à la thématique plus que jamais d'actualité, mettant en lumière une actrice aux engagements multiples.
Quand des consommateurs surendettés jusqu'au cou rencontrent des militants qui prônent la décroissance : avec #uneanneedifficile les @ToledanoNakache restent fidèles à ce qu'ils font mieux que tout autre : du cinéma humaniste, drôle et tendre à la fois qui parle bien de l'époque pic.twitter.com/k2MyGPgEre
— Baz'art (@blog_bazart) June 15, 2023
«Je remercie adèle haenel pour son courage»
Ces dernières années, Noémie Merlant s'est montrée particulièrement engagée auprès de la place des femmes dans le cinéma français. Un engagement qui transparaît, comme une évidence dans «Portrait de la jeune fille en feu» de Céline Sciamma, célébration du désir et de l'émancipation des femmes. L'histoire d'un amour entre une peintre (Noémie Merlant) et son modèle, interprété par Adèle Haenel, qui avait dénoncé les agressions sexuelles subies par le réalisateur Christophe Ruggia alors qu'elle était mineure. Désormais retirée des plateaux de cinéma, la comédienne n'a cessé de montrer la voie, et d'en libérer, des voix. Celle de Noémie Merlant entre autres, qui s'est récemment confiée sur une agression subie lors de son adolescence.
"Tout le monde m'a crue mais on m'a dit que ce n'était pas un problème"
— CLIQUE (@cliquetv) September 13, 2024
L'actrice Noémie Merlant se confie sur l'agression subie à 17ans alors qu'elle était mannequin. pic.twitter.com/xRh1N23DfI
Liberté, égalité, sororité, la comédienne n'a depuis cessé d'explorer le genre féminin. Dans «Les Olympiades» de Jacques Audiard («Un prophète», «De rouille et d'os») notamment, film choral romantico-érotique où elle interprète Nora, jeune étudiante fascinée par une cam-girl. Et, consécration cette année, l'incarnation de la mythique Emmanuelle, dans une version contemporaine par Audrey Diwan («L'évènement», co-scénariste de «Bac Nord»). La protagoniste, chargée du contrôle qualité pour des hôtels de luxe, entame un voyage vers Hong-Kong dans le cadre de ses obligations professionnelles. Un périple qui se transforme en véritable exploration de son corps, et de sa sexualité. Un remake tout aussi embrasé que le film original qui avait réuni 9 millions de personnes en salles, mais où Noémie Merlant n'est jamais objetisée. Avec la liberté comme boussole, l'actrice ne cesse de nous impressionner.
NE RECULANT DEVANT RIEN, elle passe derrière la caméra
Et parce que le costume d'actrice ne lui suffisait pas dans sa garde-robe artistique, Noémie Merlant enfile la casquette de réalisatrice. Son premier long-métrage «Mi iubita mon amour», sélectionné en séance spéciale au Festival de Cannes il y a trois ans, avait été décrit comme prometteur par la critique. 2024 marque le retour derrière la caméra pour celle qui souhaitait intégrer une école de commerce, poussée ensuite par son père à entrer au cours Florent. Elle présente cette année son second long-métrage «Les femmes au balcon», une colocation où la température monte, au sens propre comme au figuré. Dans un Marseille en pleine canicule, trois femmes (dont la prometteuse Souheila Yacoub, étincellante dans «En corps» et «Dune 2») fantasment sur leur séduisant voisin. Mais rien ne se passe comme prévu, et le film vire à l'horreur.
Un «Fenêtre sur cour» délirant, dont la sortie est prévue le 11 décembre 2024. Noémie Merlant nous offre ici un beau cadeau avant Noël.