Le comédien Dany Boon a démenti dimanche des chiffres "complètement faux" sur son salaire que lui attribuait récemment le producteur et distributeur Vincent Maraval dans une tribune dénonçant le financement du cinéma français intitulée "Les acteurs français sont trop payés".
"Les propos de Vincent Maraval m'attristent beaucoup. D'autant que les chiffres qu'il a donnés sont complètement faux", affirme Dany Boon dans un entretien exclusif au Journal du Dimanche.
Selon lui, il n'aurait pas été payé un million d'euros pour son rôle dans le nouvel épisode d'Astérix et Obélix sorti en salles cet automne, mais 600.000 euros.
"Une erreur qu'il comprend d'autant moins que Vincent Maraval est le distributeur du film et qu'il ne peut ignorer les sommes en jeu", souligne le JDD.
Dany Boon annonce qu'il touchera deux millions d'euros, et non pas dix millions, pour jouer dans le film qu'il s'apprête à tourner lui-même, "Supercondriaque".
Le comédien, recordman des entrées par un film français avec "Bienvenue chez les Ch'tis", précise en outre qu'il coûte moins d'argent au cinéma français qu'il ne lui en rapporte, ces deux derniers films en tant que réalisateurs s'étant traduits par un gain de 15 millions d'euros pour le Centre national du cinéma (CNC).
Le CNC prélève 10,7% du prix de chaque billet d'entrée et redistribue cet argent en cofinançant des films, notamment les films d'auteur qui ne pourraient voir le jour sans cette contribution.
Dany Boon insiste aussi sur le fait que ses réalisations n'ont pas été financées par de l'argent public puisqu'elles sont coproduites par la chaîne privée TF1 et non pas France Télévisions, et qu'il n'a jamais bénéficié du système de "l'avance sur recettes".
Dans la même édition du JDD, le réalisateur Michel Hazanavicius, qui a reçu un Oscar pour son film "The Artist", estime cependant que le débat autour du financement du cinéma français est "sain, il fallait sans doute créer un choc pour que l'on s'y intéresse".
"En revanche, plus que de stigmatiser un corps de métier, les acteurs, et parmi eux une dizaine d'individus, il faut réfléchir à l'inflation du budget des films", dit-il.
"Le système est très opaque, il faut l'assainir. Notamment réussir à faire des films moins chers. Mais ce n'est pas un problème nouveau", poursuit le président de l'Association des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), qui souligne que "certains producteurs ont intérêt à l'inflation des budgets puisqu'ils se rémunèrent au pourcentage".
"Il arrive aussi que certaines grosses sociétés répartissent les recettes vers différentes filiales (production, distribution, vidéo...) négligeant celle qui a pour obligation de partager les recettes. Si l'argent généré par les films était équitablement redistribué, il n'y aurait pas ce réflexe humain de vouloir être payé beaucoup et tout de suite", analyse Michel Hazanavicius.
Il estime toutefois que le financement du cinéma en France repose sur un "cercle vertueux: ceux qui vivent de l'exploitation des films sont ceux qui financent leur fabrication".
"Le public ne paye pas en tant que contribuable, il paye en tant que public de cinéma. Si vous n'allez pas au cinéma, que vous n'êtes pas abonné à Canal+, vous ne financez pas le cinéma", note le réalisateur.