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L'héritier de Trenet au tribunal pour récupérer des biens du chanteur

Charles Trénet le 5 mars 1999 lors de l'enregistrement  à la Maison de la Radio à Paris, de l'hymne de la première édition du "Printemps des poètes" [Manoocher Deghati / AFP] Charles Trénet le 5 mars 1999 lors de l'enregistrement à la Maison de la Radio à Paris, de l'hymne de la première édition du "Printemps des poètes" [Manoocher Deghati / AFP]

Le légataire universel de Charles Trenet -au coeur d'un imbroglio judiciaire depuis qu'il a cédé son héritage à une société danoise voici six ans- tentera vendredi de récupérer devant le Tribunal de Grasse une centaine de biens dont un piano du chanteur.

Car Georges El Assidi, secrétaire particulier pendant vingt ans et ami intime de l'artiste (mort à 87 ans en 2001), se dit aujourd'hui spolié et se bat tous azimuts en justice.

Vendredi matin, le Tribunal de Grasse examinera sa poursuite pour vol à l'encontre de la SAS Charles Trenet,société commerciale qui dit oeuvrer pour la sauvegarde de la mémoire du chanteur et être locataire du "Bateau", la villa d'Antibes dessinée par Trenet.

L'héritier réclame la restitution d'une centaine d'objets se trouvant encore dans la villa, dont un billard laqué-blanc et un piano droit du chanteur, des tableaux peints par Charles Trenet, une tapisserie d'Aubusson, des diplômes, de multiples bibelots comme un disque de platine enchâssé dans un plexiglas ou un diapason...

Georges El Assidi dépose les cendres de Charles Trénet dans le caveau familial le 26 février 2001 au cimetière de Narbonne [Pascal Pavani / AFP/Archives]
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Georges El Assidi dépose les cendres de Charles Trénet dans le caveau familial le 26 février 2001 au cimetière de Narbonne
 

Son avocat, Me Francis Pudlowski, affirme que d'autres biens ont disparu comme des costumes de scène et il réclame plus de 200.000 euros de préjudices matériels et moraux à la société Charles Trenet.

Me Denis Del Rio a été désigné pour représenter la société, actuellement sans dirigeant et chapeautée par un administrateur judiciaire. Il conteste le vol, en soulignant qu'aucun objet de la maison n'a été déplacé par le locataire entré dans les lieux de manière légitime.

Surendetté, Georges El Assidi avait cédé en 2006 à la société de droit danois "Nest" une grande partie de son patrimoine, dont la villa d'Antibes (pour 4 millions d'euros) et surtout les droits d'auteur et d'interprète de Trenet (pour 1,5 million d'euros), retrace Me Pudlowski. Il avait également vendu à l'époque 168 objets de la villa (tableaux peints par Trenet, dessins de Cocteau, photos, bibelots) à Nest, pour 250.000 euros.

El Assidi, 52 ans, affirme n'avoir jamais rien touché de Nest dont il accuse les dirigeants d'escroquerie, en précisant vivre aujourd'hui du RSA dans une petite maison prêtée dans le Val-de-Marne.

La société danoise Nest -dont les responsables contrôlent la SAS Charles Trenet directement concernée par le procès de vendredi-- n'a jamais acquis la villa d'Antibes tout en occupant les lieux depuis la promesse de vente, selon Me Pudlowski. Et cette immense villa aux allures de paquebot héritée par le trop endetté Georges El Assidi est désormais propriété de sa banque, à la suite d'une mise aux enchères sans acquéreur en 2011.

Le piano de Charles Trenet exposé le 23 août 2011 dans la maison natale du chanteur à Narbonne [Pascal Pavani / AFP/Archives]
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Le piano de Charles Trenet exposé le 23 août 2011 dans la maison natale du chanteur à Narbonne
 

Au-delà du procès de vendredi, d'autres procédures sont en cours portant en particulier sur les droits d'auteur, estimés à plus de 300.000 euros par an et qui ont été placés sous séquestre.

En juillet, un juge d'instruction du pôle financier de Paris a émis des mandats d'arrêt contre les deux dirigeants de la société danoise, le Français Maurice Khardine et l'avocat danois Johan Schlüter car ils ne s'étaient pas présentés à des convocations.

"M. El Assidi détient 70% des parts de la société danoise Nest", ont rétorqué les dirigeants dans un communiqué, en se présentant comme des mécènes de la sauvegarde du patrimoine de Trenet. Charles Cardine, frère de Khardine, dit ainsi se battre pour créer un musée Trenet dans une ex-villa du chanteur acquise à Aix-en-Provence.

L'héritier sans le sou aurait-il en définitive des revenus au Danemark, comme l'affirment ses détracteurs de Nest? Ou cet homme naïf aurait-il été berné par des escrocs? Ces questions vont également être débattues par la justice danoise.

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