Le mythe autour de l'actrice franco-allemande Romy Schneider (1938-1982), dont on célèbre le 29 mai le 30e anniversaire de la mort, reste intact en Autriche, en Allemagne et en France, les trois pays qui ont marqué l'ensemble de sa vie et de son oeuvre.
Si l'on devait poser la question de la nationalité de l'actrice dans ces trois pays, les réponses seraient différentes. En Allemagne, elle a entamé sa carrière d'artiste dans les années 1950, en France, elle a connu son épanouissement, mais elle trouve ses racines en Autriche.
Née à Vienne le 23 septembre 1938, un peu plus de six mois seulement après l'Anschluss - l'annexion par l'Allemagne nazie de l'Autriche, le 12 mars 1938 -, Romy Schneider n'a jamais eu la nationalité autrichienne.
"Ses racines étaient en Autriche", affirme pourtant l'Allemande Daniela Sannwald, commissaire de l'exposition "Romy Schneider", qui a lieu à Bonn (ouest de l'Allemagne) jusqu'au 24 juin. "Elle avait un attachement familial avec sa grand-mère Rosa Albach-Retty et son père autrichien Wolf Albach-Retty", indique-t-elle à l'AFP.
Avec son interprétation de la femme de l'empereur d'Autriche François-Joseph, l'impératrice Elisabeth, dans la mythique trilogie "Sissi" en 1955 et 1956, elle fait une entrée fracassante dans le cinéma international alors qu'elle n'a pas encore 20 ans.
Elle ravive le mythe de l'Empire des Habsbourg dans l'esprit des Autrichiens, devenant une de leurs actrices préférées.
Pour échapper à ce rôle de Sissi, et pour s'éloigner de l'omniprésence de son entourage (sa mère et son beau-père qui géraient sa carrière), elle décide de quitter l'Allemagne afin de rejoindre la France à la fin des années 1950, un choix qu'on va lui reprocher outre-Rhin.
"Paris était un lieu symbolique pour sa liberté. Elle avait rencontré Alain Delon en 1958. La France est le pays où elle a vécu sa vie d'adulte, là où elle aimait vivre, elle était reconnue comme actrice, elle avait une image totalement différente que celle en Allemagne", reconnaît Daniela Sannwald.
Ce tiraillement entre ces trois pays se retrouve dans les différentes célébrations qui se déroulent actuellement pour le 30e anniversaire de sa mort tragique à seulement 43 ans.
De nombreux documentaires consacrés à sa vie d'artiste, ainsi que ses plus grands films sont rediffusés par les télévisions allemandes, françaises et autrichiennes à cette occasion, avec notamment la rediffusion le 1er juin en Allemagne de "La Passante du Sans-Souci", son dernier film sorti en salle, un mois et demi avant qu'on ne la retrouve sans vie dans son appartement parisien le 29 mai 1982.
Les causes de son décès -suicide ou accident lié à l'absorption d'alcool et de médicaments- n'ont jamais été déterminées, le procureur de la République classant l'affaire sans autopsie.
L'implication de l'actrice pour aboutir à ce film dédié à son ex-mari Harry Meyen, mort en 1979, et à son fils David, décédé en 1981, doit être un des thèmes d'un film que la comédienne Géraldine Danon envisage de consacrer à Romy Schneider.
L'exposition "Romy Schneider" à Bonn revient sur son oeuvre en photos et en objets, jusqu'au 2 juin. Puis, ce sera au tour de Cannes de célébrer l'actrice, du 2 juillet au 2 septembre, dans une exposition éponyme, qui souhaite mettre en lumière les paradoxes de l'actrice : bénie des dieux et frappée par le destin, lumineuse et tourmentée.
Enfin, preuve que l'actrice résiste au temps, les réseaux sociaux s'y mettent. Un utilisateur allemand du réseau social Facebook a créé un événement intitulé "Minute de silence pour le 30e anniversaire de la mort de Romy Schneider", réunissant une cinquantaine de participants.