Il y a quelques semaines, une balustrade du pont des Arts, à Paris, s’est effondrée sous le poids des cadenas accrochés par centaines par les amoureux pour sceller leur amour. Si le site est devenu incontournable pour les idylles, le pont des Arts a été initialement construit pour des raisons pratiques.
Au début du XIXe siècle, Paris ne comptait que trois ponts pour enjamber la Seine. L’empereur Napoléon ordonna la construction d’un pont métallique, contre l’avis de son entourage. En parallèle du Pont-Neuf, l’ouvrage devait relier le collège des Quatres-Nations (aujourd’hui Institut de France) et le Palais des Arts (actuel Louvre), dont il prend le nom.
Les travaux ont commencé en août 1801. Le chantier était ambitieux pour l’époque : la technique de construction des ponts métalliques n’était connue que depuis quelques années. Traversant la Seine sur 155 mètres, il s’appuie sur neuf arches en fonte. Un plancher en bois recouvre ses 11 mètres de large. Premier ouvrage napoléonien construit, il aura coûté plus de 780 000 francs, une somme énorme à l’époque.
Son accès est payant
Le 24 novembre 1803, le pont des Arts a été inauguré. A l’instar de la plupart des ponts de l’époque, son accès était payant. Mais les Parisiens vinrent pourtant en nombre. En une journée, près de 65 000 curieux donnèrent le sou au péage. Couvert d’un jardin suspendu, avec bacs de fleurs, arbustes et bancs, et illuminé par des lanternes, c’était un endroit agréable où flâner le jour et la nuit.
A l’origine du projet, Napoléon formula pourtant un regret en le traversant : «Cela n’a aucune apparence de solidité ; ce pont n’a rien de grandiose.»
Un jugement prémonitoire : en 1979, il finira par s’écrouler, après avoir été percuté par plusieurs bateaux. Un nouveau pont des Arts sera reconstruit à l’identique en 1984.