A leurs débuts, ces peintres étaient la risée de la critique et boudés par le public. Aujourd’hui, les toiles des impressionnistes atteignent des records dans les ventes aux enchères et les expositions qui leur sont consacrées peinent à gérer l’afflux de visiteurs. Se rendre sur place, c’est vivre l’émotion qui a poussé ces artistes à réaliser des chefs-d’œuvre.
Parce qu’ils ont pris le parti de s’intéresser aux scènes de la vie quotidienne, à la beauté simple de la nature, l’impressionnisme a peu à peu conquis le monde entier. A la fin du XIXe siècle, l’Ile-de-France ne manquait pas d’inspirer ces peintres.
Le charme des villages à proximité de Paris, les bords de Seine envahis par les canotiers, ou tout simplement les scènes de nature se retrouvent ainsi dans les plus grands musées.
Giverny, l’exotique : Monet (1840-1926)
Iris bleus, renoncules à fleurs jaunes, pavots d’Orient… le jardin de Giverny (Eure) est un tableau vivant spectaculaire qui évolue au fil des saisons.
C’est avant tout l’œuvre du plus célèbre des impressionnistes, Claude Monet, qui y vécut avec sa famille pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort. Et c’est dans ce jardin, qu’il a littéralement façonné, que le peintre puisa son inspiration.
Le jardin d’eau, planté de végétaux orientaux et de saules pleureurs, avec son pont japonais, a fait l’objet de tableaux très réputés du maître. Il y a aussi les nymphéas, sujets de son œuvre monumentale, dont il fit dont à l’Etat pour sa victoire lors de la Grande Guerre.
Grâce à la Fondation Claude-Monet, Giverny est tel que le peintre l’a connu et conçu. Chaque année, près de 400 000 visiteurs s’y rendent et peuvent aussi plonger dans l’univers du peintre en visitant l’intérieur de la maison, reconstitué à l’identique. Y aller : en train, gare de Vernon.
Yerres, la méconnue : Caillebotte (1848-1894)
Yerres (Essonne) est devenue une étape à part entière. Gustave Caillebotte y passa plusieurs étés, ses parents ayant acquis une propriété. De 1875 à 1879, le peintre réalisera des tableaux remarquables inspirés de la résidence familiale (ici, Jardin à Yerres), et notamment de la maison blanche ornée de colonnades, le Casin.
Depuis 1973, la propriété appartient à la ville de Yerres et a été restaurée. Avec son parc de 11 ha, son chalet suisse, son potager et ses dépendances, elle a retrouvé son aspect de la fin du XIXe siècle. Jusqu’au 20 juillet, l’exposition Caillebotte à Yerres au temps de l’impressionnisme rassemble des toiles importantes de l’artiste prêtées par les plus grands musées. Elle fait prendre conscience de la richesse de l’œuvre du peintre découvert sur le tard.Y aller : RER D Yerres.
Auvers, la référence : Van Gogh (1853-1890)
Entouré par la forêt et les champs de blé, Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise) a charmé nombre d’artistes au premier rang desquels les impressionnistes. Petites maisons en pierre, chemins escarpés… On dit que le village est pratiquement resté le même que celui qu’ont connu Cézanne, Daubigny, et surtout Van Gogh, au XIXe siècle.
Le célèbre peintre néerlandais a rendu son dernier souffle dans ce village, en 1890, à l’auberge Ravoux. Rachetée par Dominique-Charles Janssens, président de l’Institut Van-Gogh, on peut la visiter (après s’y être attablé pour déjeuner). La pièce a été maintenue à l’identique depuis la mort du peintre. Plus haut, se trouve l’église Notre-Dame, contruite à partir du XIIe siècle. Elle a été reproduite dans une de ses plus célèbres toiles aujourd’hui exposée au musée d’Orsay (ici, L’église d’Auvers-sur-Oise).
La visite se poursuit avec la tombe de l’artiste, accessible par un joli chemin. Van Gogh y repose au côté de son frère Théo. Jusqu’au 31 août, la saison culturelle d’Auvers-sur-Oise, Sur les pas de Van Gogh (surlespasdevangogh.eu), propose des activités, dont des visites guidées. Y aller : ligne H Auvers-sur-Oise.
Pontoise, l’exclusive: Pissarro (1830-1903)
Considéré comme l’un des pères de l’impressionnisme, Pissarro a fait de Pontoise (Val-d’Oise) sa muse. La ville, proche de Paris, présentait des paysages très variés, source d’inspiration pour le peintre (ici, Le pont de chemin de fer). De plus, aucun autre artiste n’avait jeté, jusqu’alors, son dévolu sur elle. Le peintre s’y installa de façon intermittente entre 1866 et 1883 et y travailla beaucoup.
D’autres personnalités de l’impressionnisme viendront lui rendre visite : Cézanne, Gauguin et Van Gogh. En plus d’un lycée, un musée porte son nom, installé dans une maison bourgeoise de la fin du XIXe siècle, à l’emplacement de l’ancien château royal, détruit en 1742. Celui-ci présente une collection des travaux du peintre mais aussi d’autres artistes, qui ont séjourné dans la région. Il est entouré d’un parc qui dispose d’une vue idéale sur l’Oise. Y aller : ligne H Pontoise.
Chatou, l’insulaire : Renoir (1841-1919)
L’île de Chatou (Yvelines) a très vite été rebaptisée l’île des impressionnistes. Au XIXe siècle, la mode du canotage bat son plein. Les Parisiens, intellectuels et artistes, se pressent le week-end pour rejoindre les bords de Seine et pratiquer avec plus ou moins de dilettantisme ces loisirs nautiques : Maupassant, Dumas, Caillebotte. Et aussi Pierre-Auguste Renoir, qui tombe amoureux du lieu.
De 1868 à 1884, il est l’hôte régulier du restaurant Fournaise. Son célèbre tableau, Le déjeuner des canotiers (aujourd’hui conservé à la Phillips Collection de Washington), a été peint en 1881 sur son balcon. Après des travaux de rénovation, la maison Fournaise accueille aujourd’hui un musée, ainsi qu’un restaurant. Y aller : RER A Chatou-Croissy.