Au Royaume-Uni, pour combler l'absence de soleil durant une longue période de l'année et le manque de vitamine D, les scientifiques ont inventé des tomates génétiquement modifiées, riches en provitamine D3.
Des scientifiques britanniques ont créé des tomates génétiquement modifiées, chacune contenant autant de provitamine D3, un précurseur de la vitamine D, que deux œufs ou une cuillère à soupe de thon.
Les essais en plein air de ces tomates vont démarrer le mois prochain au Royaume-Uni. En cas de succès, celles-ci seront mises en ventes et pourront constituer une nouvelle source alimentaire importante de vitamine D.
Entre 13% et 19% des Britanniques ont de faibles niveaux de vitamine D, responsable du bon maintien de la santé des os, des dents et des muscles. Cela s’explique, d’abord, par la quasi-absence de soleil durant une longue période de l’année.
Au Royaume-Uni, il n’y a pas suffisamment de soleil, principal convertisseur de la provitamine D3 en une forme active de vitamine D, entre avril et septembre.
Pour les scientifiques, il est donc impératif de compter sur des sources alimentaires telles que les poissons gras, la viande rouge ou encore les jaunes d’œufs et les champignons, pour que le corps puisse avoir assez de vitamine D.
Néanmoins, il fallait penser à une «révolution» pour les végétaliens. Et ceci passe, d’abord, par la modification génétique des végétaux.
«La modification génétique des tomates pour accumuler de la provitamine D3 à des niveaux supérieurs aux recommandations alimentaires pourrait améliorer la santé de nombreuses personnes, d’autant plus que les tomates sont un aliment largement accessible et facilement consommé», a affirmé Guy Poppy, professeur d’écologie à l’Université de Southampton.
Convertir la provitamine D3 en cholestérol
En effet, les plants de tomates ont été créés en apportant de minuscules modifications à un gène de tomate déjà existant à l’aide d’une technique d’édition appelée Crispr-Cas9.
«C’est comme une pince à épiler moléculaire, que l’on peut utiliser pour couper avec précision un très petit fragment du gène afin d’améliorer un trait souhaitable chez les plantes beaucoup plus rapidement que le processus de sélection traditionnel, et sans introduire d’ADN étranger d’autres espèces», a expliqué Jie Li au John Innes Center de Norwich, qui a dirigé la recherche.
Les scientifiques se sont, alors, intéressés à une enzyme présente dans les plants de tomates qui convertit normalement la provitamine D3 en cholestérol. En modifiant celle-ci, les chercheurs ont réussi à bloquer cette voie, ce qui permet à la provitamine D3 de s’accumuler dans les fruits et les feuilles des tomates.
Les chercheurs ont également constaté que la quantité de provitamine D3 contenue dans un fruit de tomate, si elle était convertie en vitamine D3, est tout à fait équivalente aux niveaux présents dans deux œufs de taille moyenne ou dans 28 grammes de thon.
Pour convertir cette quantité en vitamine D3 active, les fruits doivent être exposés à la lumière UVB, ou ils peuvent être cultivés en plein air, ce que les chercheurs prévoient de tester lors de prochains essais sur le terrain. Les résultats des recherches ont été publiées dans Nature Plants.