À découvrir dès ce jeudi en exclusivité sur Canal+ via MyCanal, la série «Feud : Capote vs. The Swans» voit Ryan Murphy revenir sur le terrible affrontement entre l’écrivain Truman Capote et un groupe de femmes de la haute société new yorkaise dans la seconde moitié du XXe siècle.
Une trahison impardonnable. Après une première saison consacrée à la rivalité entre Bette Davis et Joan Crawford, Ryan Murphy donne à son anthologie un second chapitre intitulé «Feud : Capote vs. The Swans». Déclinée en huit épisodes, la série est disponible «À l’heure US», à partir de ce jeudi 1er février, en exclusivité sur Canal+ via MyCanal. Et elle sera également diffusée sur la chaîne Canal+Séries à partir du vendredi 2 février, et cela chaque vendredi à 22h35.
En 1975, le romancier Truman Capote trahit ses amies de la haute société new-yorkaise qu’il surnommait ses "cygnes". Elles jurent de se venger.
FEUD : les Trahisons de Truman Capote, le 2e opus de la série d’anthologie de Ryan Murphy, dès le 1er février, à l’heure US sur CANAL+. pic.twitter.com/g0GoxO6tWf— CANAL+ (@canalplus) January 28, 2024
Inspirée d’une histoire vraie, cette fiction retrace la relation entre l’écrivain Truman Capote et un groupe de femmes issues de la haute société new yorkaise entre 1968 et 1984. Né en 1924 dans le sud des États-Unis, l'homme s’est passionné pour l’écriture dès son plus jeune âge, à tel point qu’il pouvait écrire trois heures d’affilée chaque jour à son retour de l’école. «J’étais obsédé par ça», a-t-il raconté. Après avoir abandonné ses études, il a trouvé un premier emploi au sein de la prestigieuse rédaction de The New Yorker à seulement 17 ans, puis a multiplié les articles dans de nombreuses publications.
Un succès immédiat
Son premier roman, «Les Domaines hantés» (éd. Gallimard), publié en 1948, a été un succès colossal, et lui a permis de se faire un nom au sein de la haute bourgeoisie américaine. Il s’est alors retrouvé invité dans les clubs les plus sélectifs, dans les plus beaux restaurants, et dans les soirées mondaines. Une expérience qui lui inspirera son livre «Petit déjeuner chez Tiffany», paru en 1958.
Son roman suivant, «De sang-froid», a marqué sa carrière. L’auteur a en effet passé cinq ans à enquêter sur un fait-divers - un quadruple meurtre dans une famille de fermiers du Kansas - pour rédiger ce récit non-fictionnel, dévoilé en 1966 et qualifié comme son chef d’œuvre.
Truman Capote s'est retrouvé alors au sommet de sa gloire, et a commencé à enchaîner les soirées mondaines où l’alcool et la cocaïne coulaient à flots. C’est à cette époque qu’il s’est lié d’amitié avec un groupe de femmes de la haute société new yorkaise qui ont été baptisées ses «cygnes».
Qui étaient les «cygnes» ?
Il y a eu C.Z. Guest (Chloë Sevigny), une comédienne blonde connue pour son goût vestimentaire et sa beauté légendaire qui aurait inspiré Andy Warhol et Salvador Dali. Elle a été mariée à un champion de polo, Winston Frederick Churchill Guest, dont le nom confirmait sa filiation avec l’ancien Premier ministre britannique.
Il y a eu également Babe Paley (Noami Watts), une femme de grand privilège réputée pour son extrême beauté et sa richesse démesurée, mais aussi pour son travail au sein de la rédaction du Vogue Magazine sur les sujets liés à la mode.
Lee Bouvier (Calista Flockhart) a, quant à elle, débuté en tant que comédienne avant de devenir une décoratrice d’intérieur et une spécialiste des relations publiques de grande renommée. Sœur cadette de Jacqueline Kennedy-Onassis, elle s’est mariée à un aristocrate polonais, le prince Stanislaw Albrecht Radziwill, en 1959, et exigeait d’être appelée «princesse».
Nancy Keith (Diane Lane) était une amie proche de Babe Paley qui a toujours été bien placée dans les classements des personnalités les mieux habillées dans le magazine Vogue, pour lequel elle a pris régulièrement la pose. Proche de Clark Gable et Ernest Hemingway, elle a été mariée au réalisateur Howard Hawks avant de divorcer, huit ans plus tard, pour finir avec l’agent de stars Leland Hayward.
Joanne Carson (Molly Ringwald) a été top model, et a travaillé en tant qu’hôtesse pour la compagnie aérienne Pan Am. Elle a épousé le célèbre animateur de télévision Johnny Carson, dont elle s'est séparée en 1972.
Enfin, Ann Woodward (Demi Moore), jet-setteuse réputée pour sa grande beauté, a formé un couple libre avec l’héritier d’une grande famille issue du monde de la banque, Billy Woodward. Ce dernier sera tué par arme à feu. Si elle a été reconnue non coupable, elle ne parviendra jamais à faire taire la rumeur selon laquelle elle était l'auteur des coups de feu.
Les origines de la guerre
Toutes ces femmes ont entretenu une relation amicale avec Truman Capote. Lui était attiré par leur statut social, elles par son intelligence et son talent pour la flatterie. L’écrivain a réussi à devenir leur confident, celui avec lequel elles ont partagé leurs secrets les plus intimes : tromperies, commérages sur les autres couples, addictions, jalousie, etc.
Seule C.Z. Guest a émis des doutes sur le bien-fondé de toutes ces confessions, et en a fait part à ses amies. En vain. Truman Capote, en parallèle, travaillait sur un nouveau livre intitulé «Prières exaucées». Un ouvrage que ses amies étaient impatientes de découvrir, sans en connaître le sujet exact. Selon des propos recueillis par le New York Post, l’auteur aimait décrire cet ouvrage comme étant rempli de personnages déguisés, comparant sa plume à un pistolet prêt à les faire tomber.
L’attente autour du livre était telle que la décision a été prise de permettre au magazine Esquire d’en publier les quatre premiers chapitres en octobre 1975. Le premier, baptisé «Mojave», était une histoire courte centrée sur l’auteur lui-même. Le second, en revanche, intitulé «La Côte Basque, 1965», marquera le début du suicide social de Truman Capote. S'inspirant directement des vies dysfonctionnelles de ses amies - qui se reconnaîtront immédiatement dans le texte -, l’auteur a livré un récit saisissant sur la face cachée de la vie mondaine des élites new-yorkaises, sans hésiter à alimenter les rumeurs les plus folles sur la princesse Margaret et le reste de la famille royale britannique, ou encore sur Jackie Kennedy-Onassis.
Truman Capote y a aussi dévoilé l’étendue des tromperies, et les détails croustillants (parfois sordides) qui vont avec, au sein des couples de la haute société. Plus tragique, il a accusé ouvertement Ann Woodward d’être responsable de la mort de son mari. Selon la rumeur, cette dernière, déjà atteinte d’une sévère dépression, avait été informée de la présence de ces accusations dans l’ouvrage, et s’est suicidée en avalant une dose mortelle de cyanure au moment de la publication.
La vengeance des «cygnes»
La majorité des «cygnes» ont refusé de parler à Truman Capote après cela, s’assurant qu’il soit totalement isolé et discrédité dans le milieu où elles lui avaient autrefois octroyé une place de choix. À la suite de la publication du texte, Truman Capote se serait enfermé plus profondément dans son alcoolisme et la consommation de drogues. Il aurait assuré aux médias, toujours avides de confessions face à cet immense scandale, ne pas avoir anticipé une telle réaction de la part de ses amies.
«Toute littérature n’est que rumeur», a-t-il notamment indiqué au magazine Playboy après coup. À la fin des années 1970, l’écrivain, ostracisé de toutes parts, a passé son temps à enchaîné les cures de désintoxication. Il s’est vu retirer son permis de conduire en raison d’un excès de vitesse dans le quartier de Long Island où il résidait. Il sera hospitalisé en 1980 après une crise d’hallucination, avant de mener une existence recluse.
Il a toutefois continué, quand son état le permettait, à faire la promotion de son livre inachevé qu’il promettait sans cesse de mener à son terme. Il est mort en 1984, dans le quartier chic de Los Angeles, Bel Air, d’une surdose médicamenteuse couplée à un cancer du foie. Il avait 59 ans.