C’est l’album dont il est le plus fier depuis Sang pour Sang (1999), composé par son fils, David. Avec le très réussi Rester vivant, son 49e album, Johnny Hallyday revient à ses origines musicales, alternant rock, blues et country. Alors que ses concerts à Bercy à guichets fermés avec Jacques Dutronc et Eddy Mitchell ont pris fin, la «vieille canaille» fait quelques confidences. Détendue, cigarette électronique à la main, la star avoue ressentir le même plaisir à chanter malgré les années.
En quoi cet album est-il différent des précédents ?
Je l’ai enregistré avec des musiciens, américains et français, que j’apprécie. J’ai surtout collaboré avec le producteur Don Was, que j’ai connu grâce à son travail avec Bob Dylan, U2 ou les Rolling Stones. Il m’a aidé à retrouver le son des années 1970 que j’aime tant. Je voulais une couleur californienne, avec des violons mêlés à de la country…
Les textes sont personnels… Vous parlez du temps qui passe.
Il ne faut pas avoir peur d’en parler. On ne se voit pas forcément vieillir. Quand on s’en aperçoit, il est trop tard ! Je me suis adressé à quelques auteurs féminins. J’ai choisi volontairement de faire des ballades. J’ai aussi travaillé avec des compositeurs comme Maxim Nucci (Yodelice, ndlr) et leur ai dit ce que j’avais envie de raconter.
Vous arrive-t-il de douter ?
Aujourd’hui, je me fous du «qu’en-dira-t-on». Je ne me force plus à faire les choses, j’ai passé l’âge. J’ai gagné en sérénité grâce à ma femme, à mes filles, à ma famille. Je me suis stabilisé. La solitude est moins présente qu’avant.
Pourtant, elle est évoquée dans ce nouvel opus…
La souffrance est plus intéressante que le bonheur. La solitude fait partie de la vie. On en a tous besoin.
Qu’a pensé votre entourage de ce nouvel opus ?
Ma femme adore. Surtout le titre « Te manquer ». Cette chanson, je l’avais faite un peu pour elle. Mes filles me voient avant tout comme un papa avant d’être un chanteur !
Vous venez de boucler votre série de concerts à Bercy avec vos copains Jacques Dutronc et Eddy Mitchell. Quels souvenirs en gardez-vous ?
J’étais tellement heureux de retrouver mes potes d’enfance. Ce furent six jours de pur bonheur. J’étais triste quand cela s’est arrêté. Mais toute bonne chose a une fin. On s’est vraiment bien marrés. Comme trois potes qui se retrouvent sur scène.
Un artiste a compté pour vous : Jacques Brel.
Je me suis beaucoup inspiré de lui. C’est le seul acteur-chanteur qui a réussi à me faire pleurer sur scène. Ce n’était pas un chanteur de blues mais il aurait pu l’être. Il savait transmettre les émotions. Interpréter une chanson, c’est comme jouer et être acteur.
Dans le cadre de votre tournée, vous vous produirez dans de nombreux festivals l’été prochain. Pourquoi ?
J’aime les festivals car ils réunissent une panoplie d’artistes très différents. C’est formidable pour le public. En France, nous commençons à avoir de très bons festivals. Cela permet de jouer devant un public qui n’est pas forcément le vôtre.
Avez-vous des rêves à accomplir ?
Beaucoup ! J’ai envie de tourner dans un bon film et je réfléchis à ma prochaine tournée. J’interpréterai au moins cinq ou six chansons de cet album sur scène, dont le titre On s’habitue à tout. J’ai aussi un projet d’album de duos avec la participation, par exemple, de Rod Stewart et de Robert Plant.
Vous n’êtes donc pas encore prêt à prendre votre retraite.
J’aime le métier que je fais. J’ai eu la bêtise de dire un jour que j’arrêtais, mais je me suis rendu compte que j’allais m’ennuyer à mourir. J’ai vécu toute ma vie en tournée. Dès 3 ans, ma famille d’accueil, qui était dans le milieu de la danse, me «trimballait» en Norvège, en Suède, en Italie, en Espagne… Je suis habitué à bouger sans arrêt. Rester au même endroit me fait peur.
Rester vivant, Johnny Hallyday (Warner). En tournée à partir du 2 juillet 2015. A Paris-Bercy les 27-29/11/2015 et les 2-3/02/2016.