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Attaque d'un canal au Kosovo : Paris demande que «la lumière soit faite sur cet attentat»

Un policier patrouille près du canal endommagé, près de Zubin Potok, au Kosovo, le 30 novembre 2024. [© Valdrin Xhemaj/REUTERS]

Vendredi, une explosion dans la municipalité de Zubin Potok, dans le nord du Kosovo, a endommagé un canal qui transporte de l'eau potable vers plusieurs régions du pays.

Suite à l'explosion d'un canal survenue vendredi dans le nord du Kosovo, le petit État des Balkans a renforcé samedi la sécurité autour de ses «installations critiques». Ce canal est en effet vital pour l’approvisionnement en eau de milliers d’habitants et le refroidissement de deux centrales thermiques. Le Kosovo s'est empressé d'accuser Belgrade d’avoir «orchestré» cette «attaque», ce que la Serbie a démenti.

L’explosion, qui a laissé un trou béant dans l’un des murs en béton du canal et laissé des milliers de litres d’eau s’échapper, a eu lieu tard vendredi près de Zubin Potok, à quelques kilomètres de la frontière avec la Serbie. Le canal achemine de l’eau du lac de Gazivode, à cheval entre les deux pays, et approvisionne en eau potable des centaines de milliers d’habitants du nord du Kosovo et une partie de la capitale, Pristina. L’eau est aussi essentielle pour le refroidissement de deux centrales thermiques, dont l’arrêt plongerait le Kosovo dans le noir.

«résister aux provocations»

La production d’électricité n’était toutefois pas affectée samedi matin car une solution temporaire a été trouvée, a indiqué le ministre kosovar de l’Economie, Artane Rizvanolli. L’approvisionnement en eau était en revanche fortement réduit dans le Nord, où les autorités ont envoyé des citernes d’eau potable.

Après un Conseil de sécurité présidé par le Premier ministre Albin Kurti dans la nuit, le gouvernement kosovar a affirmé dans un communiqué que «les premières indications suggèrent» que cette explosion a été «orchestrée par l’Etat serbe, qui est doté des capacités pour mener une telle attaque criminelle et terroriste». Dans ce contexte, le Conseil a «approuvé des mesures supplémentaires pour renforcer la sécurité autour des installations et des services essentiels, tels que les ponts, les transformateurs, les antennes, les lacs, les canaux, etc».

La Serbie a elle-même condamné samedi matin «avec la plus grande fermeté l’attaque», dénonçant un «acte de sabotage inacceptable». «Nous appelons toutes les parties à résister aux provocations et à privilégier le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération», a souligné sur le réseau social X le ministre serbe des Affaires étrangères, Marko Djuric, tout en sous-entendant que le «régime» kosovar pourrait être «potentiellement impliqué» dans l’attaque.

La «destruction» du canal Ibar-Lepenac a été également dénoncée «avec la plus grande fermeté» par le principal parti politique des Serbes du Kosovo, la Liste serbe, proche de Belgrade. «Nous voulons dire clairement que cet acte va absolument à l’encontre des intérêts du peuple serbe et nous réclamons à la Kfor (la force de l’Otan) et à Eulex (la Mission européenne de police et de justice) de mener une enquête en urgence», a indiqué le parti dans un communiqué, cité par le site Kossev.

aide de l’Union européenne

La France a «condamné» samedi l’attaque et demandé «que toute la lumière soit faite sur cet attentat». «Cet attentat aurait pu avoir des conséquences considérables, notamment sur l’approvisionnement en eau et en électricité du Kosovo», a souligné le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration, appelant à ce que «les auteurs soient traduits devant la justice kosovare».

La France «exprime sa solidarité avec le Kosovo et sa disponibilité à lui apporter une assistance», et «salue la volonté exprimée par les autorités serbes de coopérer à la recherche des coupables de cet attentat qu’elles ont condamné».

Le chef de la délégation de l’Union Européenne au Kosovo, Aivo Orav, a dénoncé sur X «l’attaque (...) qui prive d’eau une grande partie du Kosovo». «J’ai déjà proposé l’aide de l’UE aux autorités du Kosovo. L’incident doit faire l’objet d’une enquête et les responsables doivent être traduits en justice», a-t-il ajouté.

«Je suis totalement d’accord», a abondé sur X Miroslav Lajcak, le représentant de l’UE pour le dialogue entre le Kosovo et la Serbie : «ceux qui ont saboté les infrastructures essentielles au Kosovo doivent être tenus pour responsables». Les Etats-Unis, via leur ambassade à Pristina, ont aussi fermement condamné «l’attaque contre des infrastructures critiques».

Tensions entre la Serbie et le Kosovo

Tout en condamnant un «acte de sabotage», le Premier ministre albanais, Edi Rama, a estimé qu’il était temps pour l’Union européenne de donner un nouvel élan aux discussions entre le Kosovo et la Serbie, qui n’a jamais accepté l’indépendance de son ancienne province proclamée en 2008. «Le format actuel n’a pas produit les résultats escomptés et il est temps que le dialogue soit traité dans le cadre des relations bilatérales de l’UE avec le Kosovo ou la Serbie, en tant que deux États également indépendants», a-t-il écrit sur X.

Les relations entre Belgrade et Pristina n’ont jamais été apaisées depuis la fin de la guerre en 1999. Les tensions connaissent des pics réguliers, notamment dans le nord du Kosovo où vit une importante communauté serbe.

L’attaque de vendredi fait suite à une série d’incidents dans le Nord, notamment des grenades lancées contre un bâtiment municipal et un poste de police en début de semaine. Elle survient alors que des élections législatives doivent se tenir le 9 février au Kosovo.

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