C’est un scénario peu probable, mais qui pourrait avoir des retombées importantes. Que se passerait-il en cas d’égalité parfaite entre Kamala Harris et Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, le 5 novembre prochain ?
À moins de dix jours de l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris et Donald Trump sont au coude à coude au niveau des sondages nationaux. En effet, selon les données récoltées par le site spécialisé FiveThirtyEight, l’actuelle vice-présidente profiterait d’une légère avance avec 48,2 %, contre 46,4 % pour l’ancien président.
Mais que se passerait-il en cas d’égalité parfaite entre les deux candidats, ce 5 novembre ? Le scénario semble fou et pourtant, c’est arrivé une fois dans l’histoire américaine, il y a plus de deux décennies.
une probabilité infime
L’élection américaine répond à des règles strictes et des rouages complexes, établies en 1788. À la différence de la France, elle repose sur un suffrage dit indirect. Ainsi, les citoyens votent pour les membres du collège électoral (les grands électeurs), qui eux-mêmes affichent un soutien à l’un des candidats en lice. Au total, sur les 50 États qui constituent le pays, on compte 538 grands électeurs en jeu. Chaque État dispose de son propre nombre de grands électeurs, déterminé par le poids démographique.
Afin de pouvoir espérer occuper la Maison Blanche le temps d’un mandat, un candidat doit donc récolter les votes de 270 grands électeurs. Et si la probabilité d’avoir une élection à l’égalité parfaite, soit une élection avec 269 grands électeurs de chaque côté, est inférieure à 1 %, elle existe tout de même.
Dans le détail, il n’y aurait que cinq scénarios où le vote du 5 novembre se finirait par une égalité entre l’actuelle vice-présidente et l’ancien président républicain, affirme FiveThirtyEight. Cinq combinaisons sur plusieurs millions de milliards de scénarios différents.
un «contingent vote»
En cas d’égalité, le prochain leader des États-Unis devrait alors être désigné par une «contingent election», soit une élection par un vote de la Chambre des représentants. Néanmoins, au sein de la Chambre, les 435 élus ne disposent pas d’une voix chacun mais plutôt, d’un vote par délégation représentatrive d’un État.
Alors, même si la Californie, une terre historiquement démocrate, possède le plus grand nombre de sièges dans la Chambre, elle n'accordera qu’un vote à Kamala Harris. Le Wyoming, qui vote généralement républicain, apporterait également un seul vote à Donald Trump, malgré une délégation constituée d’un unique membre.
Lorsque le choix revient à la Chambre des représentants, l’élection se fait donc avec 50 votes au total, et une majorité atteinte à 26 voix.
la majorité républicaine à la chambre des représentants
Ce scénario d’une égalité, bien que très improbable, favorise tout de même un candidat : Donald Trump. Actuellement, le parti de l’ancien président est majoritaire à la Chambre des représentants, avec 26 Etats pour le camp républicain, contre 22 autres délégations au camp démocrate.
En 1800, année de la seule élection annulée pour égalité, Thomas Jefferson et Aaron Burr étaient sortis avec 73 votes du collège électoral chacun. L’élection fut donc transférée aux mains de la Chambre de représentants.
Néanmoins, il aura fallu six jours et 36 tours différents afin de départager les deux hommes et, élire Thomas Jefferson en tant que 3e président des États-Unis.