Depuis quelques semaines, les tensions entre la Corée du Nord et la Corée du Sud se sont accentuées, Pyongyang se montrant de plus en plus imprévisible et provocante à l'égard de Séoul.
Des risques d’escalade ? Les tensions entrev la Corée du Nord et du Sud se sont intensifiées ces dernières semaines. Ce mardi 15 octobre, Pyongyang a mis en œuvre sa volonté de couper les axes routiers et ferroviaires reliant les deux pays.
En effet, selon Séoul, l’armée nord-coréenne a détruit à l’explosif des tronçons de routes autrefois utilisées pour les échanges transfrontaliers avec la Corée du Sud.
«La Corée du Nord a fait sauter des parties des routes Gyeongui et Donghae au nord de la ligne de démarcation militaire», a précisé l'état-major interarmées sud-coréen.
Le 9 octobre dernier, Pyongyang avait annoncé son intention de couper ces axes hautement symboliques et avait ajouté vouloir construire des «structures défensives fortes» le long de la frontière. Dans les faits, la frontière entre les deux Corées est déjà totalement fermée depuis 1953.
Des relations en constante détérioration
Séoul a par ailleurs confirmé avoir procédé à des «tirs de réponse» sur son propre territoire, sans apporter de plus amples précisions.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président conservateur Yoon Suk-yeol à Séoul en 2022, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont encore aggravées, ce dernier étant favorable à une politique de fermeté à l’égard de la Corée du Nord.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a, lui aussi, durci sa politique à l’égard de son «principal ennemi». En janvier dernier, il avait notamment ordonné la dissolution de toutes les institutions chargées des relations avec Séoul et des projets de réunification de la Corée et a menacé d'entrer en guerre pour toute violation de son territoire «ne serait-ce que de 0,001 millimètre».
De plus, selon les médias nord-coréens, Kim Jong-un a présidé ce lundi 14 octobre une réunion avec les plus hauts responsables militaires de son pays pour définir les lignes d’une «action militaire immédiate».
Cette rencontre faisait suite à une menace de Pyongyang à l'encontre de Séoul. La Corée du Nord avait averti sa voisine ce dimanche qu’un drone de plus envoyé sur son territoire serait considéré comme «une déclaration de guerre».
Un système laser anti-drones
Le ministère de la Défense sud-coréen n’a pas confirmé les allégations de la Corée du Nord au sujet de ces drones. Néanmoins, les spéculations locales désignent des groupes de militants de Corée du Sud qui ont l'habitude d'envoyer de la propagande et des dollars vers le Nord. Ces envois se font généralement par ballon mais aussi parfois à l'aide de petits drones difficilement détectables.
En parallèle depuis le mois de mai dernier, la Corée du Nord a envoyé des milliers de ballons chargés d'immondices vers le sud, ce qui a incité Séoul à reprendre ses émissions de propagande par haut-parleur le long de la frontière et à suspendre un accord conclu en 2018 dans le but de prévenir les accrochages militaires.
Enfin, en juillet dernier, Séoul a annoncé le déploiement d'ici à la fin de l'année de systèmes laser capables de faire fondre les drones en plein vol. Cette déclaration faisait suite à l’envoi de cinq drones nord-coréens dans l’espace aérien du sud à la fin de l’année 2022.
Après la réunion des hauts responsables de ce lundi à Pyongyang, «l'attention se porte sur la question de savoir si la Corée du Nord répondra en envoyant des drones vers le Sud ou si elle prendra des mesures fortes si des drones s'infiltrent à nouveau sur son territoire», a expliqué Cheong Seong-chang, chercheur à l'Institut Sejong.
«La Corée du Nord est susceptible de se livrer à de grosses provocations le long de la frontière si les infiltrations de drones se répètent», a-t-il prédit.