Aux quatre coins du globe, des hommages aux victimes des attaques du 7 octobre contre Israël seront organisées ce lundi. Des universités américaines aux rues de Paris, la crainte des débordements se fait ressentir. Plusieurs manifestations de soutien au peuple palestinien ont ainsi déjà été interdites.
Une journée sous haute tension. Un an après les attaques meurtrières du Hamas contre Israël, de nombreux pays ont prévu de rendre hommage aux victimes, avec des cérémonies organisées aux quatre coins du monde. Mais face aux récents événements à Gaza ou encore au Liban, les autorités craignent d'importants débordements, allant parfois jusqu’à interdire des rassemblements. En Europe, comme dans le reste du monde, cette journée s’annonce particulièrement tendue.
France
Alors qu’il n’y aura finalement pas de «temps de recueillement» à l'école, comme cela avait été évoqué, une cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre se tiendra bien à 20h, au Dôme de Paris, ce lundi. Organisée par le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), elle se déroulera en présence du Premier ministre, Michel Barnier, et devrait s’articuler autour de la diffusion de vidéos et de photos d’otages. Le président du Crif, Yonathan Arfi, prendra la parole en présence de plusieurs personnalités, notamment des élus et des intellectuels.
Par ailleurs, un «rassemblement unitaire en solidarité avec Israël» sera organisé ce dimanche 6 octobre à 15h à Paris, à l’initiative du Fonds national juif (KKL) «avec l’ensemble des institutions sionistes, des organisations communautaires et des collectifs citoyens». Il y aura «100% des associations de la communauté juive», avec des témoignages, des personnalités, des artistes, assurent les organisateurs, qui n’ont pas précisé le lieu exact du rassemblement.
À l'inverse, plusieurs milliers de personnes ont déjà défilé à Paris, Lyon, Toulouse et Strasbourg samedi, pour marquer leur «solidarité avec les peuples palestinien et libanais». Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué avoir transmis des consignes spécifiques aux préfets pour «renforcer la vigilance face aux rassemblements potentiels», notamment en «interdisant les manifestations susceptibles de causer de graves troubles». «Je ne laisserai pas l’antisémitisme prospérer et salir la mémoire des victimes, nous serons intraitables», a-t-il prévenu.
Europe
En Allemagne, la mobilisation policière va être renforcée, notamment à Berlin, ont annoncé vendredi les autorités allemandes, qui disent craindre une recrudescence des violences antisémites. Selon le chef du renseignement intérieur allemand, cet anniversaire pourrait être «l’événement déclencheur» de troubles «dans de larges pans du spectre protestataire». L'antisémitisme et l'hostilité à l'égard d'Israël constituent un «élément de connexion» entre les groupes islamistes, les extrémistes pro-palestiniens et d'autres groupes radicaux d'extrême droite et d'extrême gauche, a-t-il mis en garde.
Parallèlement aux commémorations de l'attaque du 7 octobre, plusieurs manifestations de soutien aux Palestiniens sont organisées dans les grandes villes allemandes. Rien qu'à Berlin, quelque 2.000 policiers seront mobilisés pour encadrer les rassemblements jugés à risque, selon un porte-parole de la police cité par les médias allemands. Le syndicat de la police (GDP) s'est dit «inquiet» après avoir été témoin de «la haine, de l'antisémitisme et des excès de violence» de certains militants pro-palestiniens. La ville de Francfort a ainsi choisi d’annuler des manifestations pro-palestiniennes par crainte «des débordements antisémites qui mettraient en péril la sécurité publique».
Au Royaume-Uni, qui abrite d’importantes communautés juives et musulmanes, 19 manifestations ont déjà eu lieu depuis le début du conflit à Gaza, rappelle le quotidien anglais The Standard, cité par le Courrier international. Si certains rassemblements ont été particulièrement houleux, notamment le 7 septembre, onze mois après les massacres commis par le Hamas et le début des bombardements à Gaza, où plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Londres «contre le génocide», les autorités prévoient ce lundi de se montrer «plus strictes sur les modalités des rassemblements, modifiant parfois au dernier moment les horaires» afin d’éviter tout débordement.
En Italie et en Espagne - qui a officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024 - des difficultés similaires sont attendues par les autorités. Dans ces deux pays, plusieurs rassemblements ont d’ores et déjà été observés samedi avec plusieurs dizaines de milliers de participants, notamment à Rome en Italie, malgré une interdiction officielle de la mairie. À Madrid, au moins deux grands rassemblements sont organisés ce dimanche 6 octobre pour dénoncer «l’escalade de la guerre à Gaza et le conflit entre Israël et le Hezbollah». Dans les deux pays, un important dispositif policier a été mis en place, et sera encore renforcé ce lundi.
Reste du monde
Dans le reste du monde, une certaine appréhension domine également, à l’approche des commémorations. Notamment aux États-Unis, où les manifestations donnent régulièrement lieu à des affrontements entre soutiens inconditionnels d’Israël et manifestants pro-palestiniens. Après une année de discorde marquée notamment par des débordements entre soutiens des deux camps dans les universités américaines, cette journée du 7 octobre sera placée sous haute surveillance des autorités.
Dans plusieurs États, des rassemblements sont prévus pour honorer la mémoire des victimes des attaques du Hamas, tandis que dans d’autres, parfois les mêmes, des manifestations pour réclamer la fin du «génocide à Gaza» et dénoncer le soutien militaire des États-Unis se tiendront. Les universités américaines «se préparent à des reprises potentielles du conflit entre les deux parties», alors que des manifestations pro-israéliennes et pro-palestiniennes se côtoieront également sur certains campus ce lundi.
Plus globalement, le pays se prépare à vivre une journée très tendue, où les prises de position de chaque personnalité publique seront scrutées, à moins d’un mois de l’élection présidentielle américaine. La question de la guerre au Proche-Orient et notamment du soutien inconditionnel à Israël devrait être l’un des sujets de discorde entre les candidats. La journée du 7 octobre 2024 suscite «effroi et angoisse», selon The Washington Post, cité par le Courrier international.
Des inquiétudes qui toucheront également d’autres pays, à l’image de l’Australie, où le souvenir des incidents de la «marche folle» du 9 octobre 2023, à Sydney reste encore dans les mémoires, et où les actes antisémites sont en recrudescence depuis un an. Le Premier ministre Anthony Albanese a dit considérer le 7 octobre comme une «journée solennelle», suggérant de ne pas organiser de manifestations pro-palestiniennes le même jour.
Le Palestine Action Group a ainsi décalé à ce dimanche un rassemblement prévu le lendemain, s’engageant à ce que n’y figure pas de symboles d’organisations interdites, comme le Hamas ou le Hezbollah. Le groupe envisage toutefois de tenir une veillée lundi soir, au sujet de laquelle le Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud a promis une «réponse policière écrasante» en cas de débordements.
La présence des forces de l’ordre sera par ailleurs renforcée à Sydney et à Melbourne jusqu’à la fin du mois, et la police de l’État de Victoria a indiqué renforcer les patrouilles à proximité des synagogues.