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Ghost : quelle est cette messagerie mondiale du crime, dont le créateur a été interpellé ?

Le trentenaire, inconnu des services de police jusqu’alors, a été inculpé de cinq délits dont le plus grave est passible de dix ans de prison. [X@ShowSparkHQ]

Jay Je Yoon Jung, un prodige de l’informatique âgé de 32 ans, a été arrêté mardi à son domicile situé à Narwee (Australie) avant de comparaître mercredi devant le tribunal de Sydney. Il est accusé d’avoir créé la messagerie cryptée «Ghost» ayant permis à des criminels du monde entier d’échanger impunément sur leurs méfaits.

Un réseau tentaculaire démantelé après deux années d’infiltration sur le plan mondial. Un geek de 32 ans, soupçonné d’avoir façonné la messagerie cryptée «Ghost» qui a permis à des centaines de criminels de la terre entière d’échanger impunément sur leurs méfaits, a été interpellé mardi à son domicile, où il vit avec ses parents, à Narwee (Australie).

Il a comparu mercredi devant un tribunal de Sydney sous l'inculpation de soutien à une organisation criminelle et de bénéfice des produits du crime. L’accusé n’a pas plaidé coupable et n'a pas demandé à être libéré sous caution. Il restera derrière les barreaux jusqu'à ce que son affaire soit renvoyée devant le tribunal en novembre.

Le trentenaire, inconnu des services de police jusqu’alors car ne possédant pas de casier judiciaire, a été inculpé de cinq délits dont le plus grave est passible de dix ans de prison.

Près d’une cinquantaine de suspects arrêtés 

La police australienne a arrêté 38 suspects lors de perquisitions menées ces derniers jours dans quatre États australiens et saisi 376 téléphones disposant d'un accès à Ghost, selon Associated Press. Le commissaire adjoint de la police fédérale australienne, Ian McCartney, a révélé que des interpellations dans le cadre de cette affaire ont aussi eu lieu au Canada, en Suède, en Irlande et en Italie.

«Nous soupçonnons des centaines de criminels, dont des membres du crime organisé italien, des membres de bandes de motards, des membres du crime organisé du Moyen-Orient et des membres du crime organisé coréen, d'avoir utilisé Ghost en Australie et à l'étranger pour importer des drogues illicites et ordonner des meurtres», a précisé ce dernier devant la presse.

La police australienne a évité que 50 personnes soient tuées, enlevées ou gravement blessées en surveillant les menaces contenues dans 125.000 messages et 120 appels vidéo depuis le mois de mars, a assuré la commissaire adjointe Kirsty Schofield.

L’accusé proposait une offre spécialisée aux criminels

Jay Je Yoon Jung a mis sur pied l’application Ghost en 2015 et cette dernière aurait été orienté vers un usage criminel à partir de 2017, selon AP.

La police australienne a révélé que le suspect utilisait un réseau de revendeurs pour proposer des téléphones spécialisés à des criminels du monde entier. Les smartphones modifiés se vendaient 2.350 dollars australiens, soit 1.430 euros l’unité. Ce prix englobait ainsi le téléphone mais aussi un abonnement de six mois à Ghost et à une assistance technique personnalisée.

L’application était ainsi massivement utilisée par les criminels du monde entier pour ses avantages en termes de configuration (code disponible publiquement) et d'anonymat.

Ghost infiltré par la police australienne depuis 2022

En 2022, des techniciens de la police australienne sont parvenus à entrer dans les mises à jour logicielles régulièrement diffusées par l'administrateur afin de les modifier. «En fait, nous avons infecté les appareils, ce qui nous a permis d'accéder au contenu des appareils australiens», a affirmé Ian McCartney. 

Depuis deux ans, ils ont ainsi pu accéder au contenu crypté dissimulant les activités criminelles des utilisateurs de Ghost à travers le monde. La police australienne a ensuite pu compter sur le soutien de la police de huit autres pays à travers le monde, dont la France, avant de réaliser ce vaste coup de filet mardi. Ce sont d’ailleurs des agents français qui ont localisé Jay Je Yoon Jung en Australie.

«Aujourd'hui, nous avons clairement démontré que les réseaux criminels, aussi cachés qu'ils puissent se croire, ne peuvent échapper à notre effort collectif», a réagi la directrice d'Europol, la commissaire belge Catherine De Bolle, après la vague d’arrestations.

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