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Explosions de bipeurs au Liban : quelles sont les hypothèses envisagées ?

L’explosion simultanée de milliers de bipeurs a provoqué la mort de 9 personnes et au moins 2.750 blessés. [REUTERS/Mohamed Azakir]

Au moins 9 personnes sont mortes et près de 2.800 membres du Hezbollah ont été blessés ce mardi à travers le Liban, dans l'explosion simultanée de centaines de bipeurs. Plusieurs hypothèses sont envisagées pour expliquer cette attaque.

Que s’est-il vraiment passé au Liban ce mardi 17 septembre ? C’est la question à laquelle tentent de répondre les spécialistes, après la plus importante cyberattaque qu’ait connu le pays, causant la mort de 9 personnes et près de 2.800 blessés.

Selon le Hezbollah, cette opération aurait été orchestrée par Israël et les services du Mossad, alors que la guerre persiste depuis près d'un an à la frontière israélo-libanaise.

Pour étayer cette hypothèse, plusieurs scénarios semblent se dessiner, chacun impliquant l'État hébreu.

La piste du piratage informatique

La première hypothèse envisagée par les spécialistes est celle du piratage informatique. Les bipeurs, des petits engins initialement surtout utilisés par les médecins pour être prévenus en cas d’urgence, et aujourd’hui employés par les membres du Hezbollah pour communiquer, fonctionnent avec des circuits électroniques qui peuvent être la cible d’un piratage informatique par les experts du Mossad, connus pour maîtriser la technologie afin de traquer ou cibler ses opposants.

Comme le rappelle le Financial Times, Israël avait utilisé cette technique en 1972 pour éliminer l’un des responsables des attentats des Jeux olympiques de Munich. Il avait été tué par l’explosion déclenchée à distance de son téléphone. 

Néanmoins, cette piste ne semble pas correspondre aux images qui ont circulé de l’attaque, puisqu’une explosion si puissante de ces petites batteries est quasiment impossible à distance, sans un accès physique à l’appareil, selon les spécialistes. 

La piste des bipeurs piégés 

Si cette piste est étudiée, plusieurs sources semblent privilégier une autre hypothèse : celle des bipeurs piégés, avec des explosifs installés au préalable sur les engins. Ceux-ci auraient ainsi pu être posés dès la fabrication des bipeurs, lors de leur assemblage en usine, lors de la fabrication de certains éléments par des sous-traitants, ou encore au cours de leur acheminement vers le Liban.

Selon les informations du New York Times, qui cite plusieurs responsables américains anonymes, les services du Mossad auraient ainsi intercepté une cargaison de bipeurs achetés par le Hezbollah auprès d'une société domiciliée à Taïwan, afin d'y installer des explosifs avec un mécanisme de déclenchement à distance. Une hypothèse confirmée à l’AFP par une source proche du Hezbollah, qui indique que «les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison de 1.000 appareils récemment importée par le Hezbollah», qui aurait été piratée «à la source». 

Deux autres sources, l'une parmi les services de sécurité libanais, et l'autre anonyme, citée par l'agence de presse Reuters, confirment que le Mossad aurait placé des explosifs à l’intérieur d’une cargaison de 5.000 bipeurs importés par le Hezbollah depuis plusieurs mois. Les questions du «où ?» et du «comment ?» restent toutefois sans réponses.

Les premiers éléments de l’enquête, qui montrent que les explosions ont été déclenchées après la réception d’un message collectif envoyé par la direction du Hezbollah, semblent par ailleurs appuyer la thèse du mécanisme déclenché à distance, et non du piratage. Les engins auraient ainsi bipé pendant quelques secondes avant d’exploser. 

La provenance des bipeurs incertaine 

Un autre élément semble appuyer la thèse de l’interception d’une cargaison de bipeurs et du placement d'explosifs : la provenance des appareils, qui est pour le moins incertaine. En effet, réagissant à ces révélations, la société taïwanaise Gold Apollo, citée par plusieurs sources, a démenti toute implication, affirmant par l’intermédiaire de son directeur Hsu Chin-kuang, qu’il ne s’agit pas de ses produits «du début à la fin».

Des propos qui induisent l'implication d’un ou plusieurs intermédiaires. L’entreprise taïwanaise a notamment cité l’un de ses partenaires, une société hongroise nommée «BAC», à qui elle aurait fourni «un droit de fabrication». Sans la provenance ni l’itinéraire précis de la cargaison de bipeurs, l’hypothèse d’une interception par les services du Mossad semble la plus probable. De son côté, Israël n'a, pour l'instant, pas commenté ces explosions.

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