En direct
A suivre

Royaume-Uni : des milliers de détenus potentiellement dangereux libérés de manière anticipée, les victimes inquiètes

La Grande-Bretagne libère dès aujourd'hui des milliers de détenus pour désengorger les prisons. [REUTERS/Chris J. Ratcliffe/File Photo]

Le Royaume-Uni est au cœur d’une grande crise pénitentiaire avec des prisons surpeuplées. Pour y remédier, des milliers de détenus, certains potentiellement dangereux, sont remis en liberté dès ce mardi 10 septembre.

La surpopulation carcérale touche aussi le Royaume-Uni, et dans des proportions dramatiques. À tel point que le Parti travailliste avait pris la décision dès son arrivée au pouvoir en juillet de désengorger les prisons, en prenant une mesure drastique : réduire la peine de nombreux prisonniers... même dangereux.  

Les individus condamnés à des peines de moins de quatre ans verraient ainsi ces dernières se réduire. Dès ce mardi 10 septembre, et durant les semaines avenir, plus de 5.000 prisonniers vont être libérés. Certains d'entre eux n'auront purgé que 40 % de leur peine, rapporte le DailyMail

Des détenus dangereux ?  

Même si cette mesure ne concerne que les prisonniers qui purgent des peines de moins de quatre ans, il n’empêche que certains d'entre eux sont jugés comme dangereux. On retrouve notamment des auteurs de violences conjugales ou des membres de gangs organisés. 

Connar Shaw, qui a été condamné à 32 mois derrière les barreaux après avoir cassé la mâchoire de sa partenaire, l'avoir étranglée et menacé de lui jeter de l'acide au visage, est par exemple concerné par cette mesure. «Il y aura des répercussions et il voudra se venger de moi pour être allé en prison. J’ai peur qu’un jour il finisse par me tuer», s’était inquiétée sa victime au tribunal lors du procès. 

Shane Riley sera libéré après avoir purgé moins de neuf mois pour avoir frappé, donné des coups de pied et frappé à la tête son ex-partenaire après qu'elle a rompu avec lui le 8 juin 2020. 

Nicole Jacobs, la commissaire aux violences conjugales, a averti qu'environ un tiers des victimes n'était probablement pas au courant que leurs auteurs étaient prêts à être libérés. Elle a regretté auprès du Times que ces dernières «payent le prix» pour les prisons surpeuplées en Grande-Bretagne. «Les victimes de violences domestiques sont obnubilées par ces dates de libération, cela leur cause des nuits blanches, au point de changer leurs habitudes de peur de se confronter à leur bourreau». 

D’autres délinquants, comme des dealers de drogue très influents seront libérés.  

Une organisation sous tension 

Libérer ces détenus est une décision qui a été difficile à prendre pour le gouvernement, qui a longtemps pesé le pour et le contre. Deux mois après leur décision, les libérations commencent, avec une organisation méticuleuse, et non sans risques.  

Les chefs de prison doivent absolument «chorégraphier soigneusement» les libérations de masse, car les gangs rivaux pourraient en profiter pour s’affronter.  

Un nombre important de détenus dans des prisons telles que HMP Wandsworth et HMP Thameside à Londres sont soumis à des ordonnances de «non-association» qui les empêchent d'être mis en relations avec certains détenus, généralement des membres de gangs rivaux. Cela signifie que leurs libérations devront être décalées pour éviter la violence. 

Ces libérations se feraient donc en petits groupes. Mais il n’est pas exclu qu’en raison de retards dans l'acheminement des prisonniers à l'accueil, la récupération de leurs biens et l'organisation du transport, des rivaux puissent être réunis par erreur, ce qui pourrait s’avérer dramatique.

Quel suivi pour ces détenus ?

Autre question qui se pose, que vont devenir les détenus ? Diana Johnson, la ministre d’État aux crimes, à la police et aux incendies du Royaume-Uni, a promis que des plans seraient mis en place pour éviter les récidives par des agresseurs domestiques et d'autres criminels à haut risque. 

Cependant, bon nombre de détenus ont tout perdu pendant leur séjour derrière les barreaux. Le court délai de libération ne leur ayant pas permis de s’organiser, ils pourraient se retrouver sans domicile fixe après les douze semaines durant lesquelles la justice leur fournit un hébergement. Avec le risque de les voir commettre des délits voire des crimes pour s’en sortir. 

La secrétaire à la Justice a déclaré que le plan de libération anticipée d'urgence devrait empêcher les prisons de manquer d'espace en quelques semaines. 

Les peines des auteurs d’infractions sexuelles et violentes de plus de quatre ans ne sont pas concernées. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités