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Elections législatives 2024 : Belgique, Italie, Tunisie… ces pays qui ont mis du temps pour constituer un gouvernement

Cette situation d’incertitude constatée en France a déjà été vécue auparavant en Italie, en Belgique ou encore en Tunisie à la suite de la dissolution du Parlement. [REUTERS/AFP]

En pleine période de «doute», les Français vont se rendre aux urnes ce dimanche 30 juin, et le 7 juillet prochain afin d’élire leurs futurs députés. À l’issue du scrutin, un Premier ministre sera nommé par le président de la République au sein du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. Celui-ci sera ensuite chargé de former un nouveau gouvernement. En attendant, la France continuera d’être dirigée par l’exécutif actuel.

Alors que le sort du pays est en suspens concernant des élections législatives très incertaines, dont le premier tour se tient ce dimanche 30 juin et le second le 7 juillet prochain, la question sur le nouveau gouvernement, qui sera formé à l’issue du scrutin, se pose d’ores et déjà.

Cette situation floue a déjà été vécue auparavant dans d’autres pays en Europe, en Afrique et au Proche-Orient à l’instar de la Belgique, de la Tunisie ou encore d'Israël, à la suite de la dissolution du Parlement. Une période à l’issue de laquelle certains gouvernements ont mis des mois avant de voir le jour.

Belgique

Une crise sans précédent. En Belgique, les dissensions entre les partis politiques francophones et néerlandophones n’ont cessé de croître. La tension des deux partis a été à l’origine de la démission du Premier ministre belge Yves Leterme le 22 avril 2010.

À l’époque, la crise a secoué la coalition gouvernementale composée des partis francophones (Parti socialiste, Mouvement réformateur et Centre démocrate humaniste) et flamands (Chrétiens-Démocrates du CDV et les libéraux de l’Open Vlaamse Liberalen en Democraten).  

À l’origine de cette crise figure la scission de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). Il s’agit d’un point de discorde majeur entre les communautés francophone et flamande de Belgique.

BHV est en effet peuplé à 90% de francophones mais enclavé dans le territoire flamand. De ce fait, les partis flamands réclamaient la scission de cet arrondissement électoral afin de séparer leurs électeurs des sympathisants francophones. De leur côté, les partis francophones s’opposaient à cette scission.

Les tensions entre les deux communautés linguistiques ont rendu la gouvernance du pays extrêmement difficile et l’Open VLD a fini par quitter la coalition gouvernementale.

Fragilisé, le Premier ministre Yves Leterme a alors présenté sa démission en avril 2010 et a convoqué des élections législatives anticipées pour le 13 juin 2010. Ces dernières ne permettant pas de former un gouvernement, en raison notamment de la grave crise institutionnelle et politique qui a touché le pays, la Belgique est finalement restée 289 jours sans gouvernement avant que l’exécutif ne soit mis en place en décembre 2010.

Italie

Plus récemment encore, l’Italie a connu une grave crise politique en juillet 2022 à la suite de la perte de soutien politique au sein de la coalition gouvernementale de Mario Draghi. Le déclencheur immédiat de cette crise a été le retrait du Mouvement 5 Etoiles (M5S) lors d’un vote de confiance sur un paquet de mesures économiques. Il s’agit de l’un des principaux partis de la coalition du Premier ministre italien.

Mais la situation incertaine ne s’est pas arrêtée, prenant même de l'ampleur, lorsque d’autres partis de la coalition gouvernementale ont retiré leur soutien lors d’un vote de confiance crucial au Sénat, à l’instar de la Lega (Ligue) de Matteo Salvini ou encore de Forza Italia de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, décédé le 12 juin 2023.

La fragmentation au sein de la coalition a fragilisé la position de Mario Draghi, ce dernier n’ayant plus la majorité nécessaire le permettant d’appliquer le projet du gouvernement. Se retrouvant dans une impasse, Mario Draghi a alors présenté sa démission au président italien Sergio Mattarella, le 21 juillet 2022, et a convoqué de nouvelles élections.

Ces dernières ont été remportées par le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, nommée ensuite présidente du Conseil des ministres italien le 22 octobre 2022.

De juillet à octobre, soit pour une période de trois mois, le gouvernement de Mario Draghi était resté en place pour gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination de Giorgia Meloni au Palazzo Chigi.

Tunisie

Berceau du printemps arabe en 2011, la Tunisie a longtemps souffert sur le plan politique. Dix ans plus tard, le climat social a de nouveau atteint un point critique, en 2021. 

À l’heure où les manifestations contre le gouvernement se succédaient et où la crise sanitaire et économique, en raison du Covid-19, se poursuivait, le président Kaïs Saïed a décidé, le 25 juillet 2021, d’invoquer l’article 80 de la Constitution afin de suspendre temporairement le Parlement et de lever l’immunité des députés, demandant par la même occasion, l’interpellation de plusieurs responsables politiques, notamment ceux du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, qu’il considérait comme «sa bête noire».

Parmi les députés arrêtés, certains ont été poursuivis ou condamnés pour divers délits et crimes notamment des faits de fraude fiscale, escroquerie, soupçons de corruption, conflit d'intérêt et même harcèlement sexuel, selon l’ONG I Watch.

Ce qui devait être une «opération de nettoyage» s’est rapidement transformé en un coup d’État. Sans députés, ni Premier ministre, la Tunisie a basculé vers un régime ultra-présidentiel. Une seule personne pouvait gouverner : le président de la République.

À la suite de cette dissolution, Kaïs Saïed a pris des mesures pour concentrer les pouvoirs exécutif, législatif, et judiciaire entre ses mains, annonçant son intention de modifier la Constitution et de réformer le système politique du pays.

Le 21 septembre de la même année, la suspension du Parlement a été prolongée. En décembre 2021, Kaïs Saïed a annoncé un calendrier pour la révision de la Constitution et l’organisation de nouvelles élections législatives pour décembre 2022.

Pendant ce temps, un gouvernement de transition a été mis en place le 11 octobre 2021 par Kaïs Saïed et Najla Bouden a été nommée au poste de Première ministre. De ce fait, pendant une période de deux mois, soit de la fin juillet jusqu'à la mi-octobre, la Tunisie a fonctionné sans un gouvernement pleinement opérationnel.

Israël

Même constat en Israël. L’incapacité de la coalition gouvernementale à adopter un budget et les conflits internes persistants entre les partenaires de cette union ont entraîné une période de doute politique dans l'Etat hébreu, causant la dissolution de la Knesset, le Parlement israélien, en décembre 2020.

D’abord, il faut savoir que, selon la loi israélienne, la Knesset se dissout automatiquement si le budget n’est pas adopté. Et c’est exactement en raison de l’échec des négociations que le Parlement a été dissout.

En effet, le gouvernement de coalition, formé en mai 2020 entre le Likoud (Benjamin Netanyahou) et le Hosen L'Yisrael (Benny Gantz) nommé Parti Bleu et Blanc, dirigé par les respectifs Premier ministre et ministre de la Défense, n’arrivait pas à se mettre d’accord au sujet du budget. Pour mémoire, Benny Gantz avait d'ailleurs mené la coalition lors des élections législatives de 2019, contre la promesse du poste de ministre de la Défense faite par Benjamin Netanyahou. 

Il faut savoir que cette coalition a été, elle-même, fragilisée en raison des tensions personnelles et politiques entre Benjamin Netanyahou et Benny Gantz. Ce dernier ne cessait d’accuser le Premier ministre israélien de saboter délibérément les efforts pour l’adoption du budget dans le but de provoquer des élections législatives.

Selon Benny Gantz, celles-ci permettaient à Benjamin Netanyahou de renforcer sa position politique. Face à ce blocage et ces désaccords entre les deux parties, la situation s’était tendue et la Knesset avait finalement été dissoute.

Les élections législatives avaient été organisées en mars 2021. Pendant ce temps, Israël a fonctionné sans un gouvernement pleinement opérationnel. Il aura fallu attendre le 13 juin 2021 pour voir le nouveau gouvernement, dirigé par Naftali Bennett, être assermenté.

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