En direct
A suivre

Suisse : la famille la plus riche du Royaume-Uni condamnée à de la prison pour avoir exploité ses employés de maison

Namrata Hinduja (à gauche) et Ajay Hinduja (à droite), membres d'une famille de milliardaires indiens et suisses, arrivent au palais de justice de Genève avec leurs avocats Yael Hayat (à gauche) et Robert Assael (à droite). [GABRIEL MONNET / AFP]

Quatre membres de la famille la plus riche du Royaume-Uni ont été condamnés à de la prison en Suisse pour avoir exploité leurs employés de maison d’origine indienne.

La sentence est tombée. Les quatre membres de la famille Hinduja, la plus riche du Royaume-Uni et l’une des plus puissantes d’Inde, ont été condamnés à de lourdes peines de prison par le tribunal suisse, pour avoir exploité leurs domestiques d'origine indienne qui s'occupaient de leur maison située près de Genève.

La famille a nié les accusations portées à son égard. Les avocats de la défense ont annoncé dans un communiqué qu’ils faisaient appel, affirmant : «La famille a pleinement confiance dans le processus judiciaire et reste persuadée que la vérité triomphera». «Je suis sous le choc (…). J’ai le sentiment que le comportement a été jugé sur le plan moral et pas juridique», a déclaré l'un des avocats, Me Robert Assaël.

Malgré un accord à l’amiable et secret passé en cours de procès avec les trois employés qui les poursuivaient, la justice genevoise a décidé de poursuivre les quatre membres de cette famille, qui ont la nationalité suisse.

Le père, Prakash Hinduja, âgé de 78 ans, ainsi que son épouse Kamal, de 75 ans, ont été condamnés à des peines de prison de 4 ans et 6 mois, tandis que leur fils Ajay, âgé de 56 ans et leur belle-fille Namrata de 50 ans ont reçu des peines de prison de 4 ans. Sanctionnés par les juges, les Hinduja ont également dû verser 850.000 francs suisses (889.000 euros) au canton de Genève.

Des Mises en détention réclamées par le procureur

Les peines sont similaires à celles qui ont été requises par le premier procureur, Yves Bertossa. Il avait réclamé la mise en détention du fils et de la belle-fille, faisant valoir des risques de fuite. La présidente du tribunal s'y est opposée, soulignant leurs attaches en Suisse.

La présidente du tribunal a néanmoins adressé des mots crus à leur égard : «Les mobiles des prévenus sont égoïstes» et ils étaient motivés «par l'appât du gain», ajoutant que leur collaboration pendant le procès avait été «mauvaise». Le père et la mère étaient absents depuis le début du procès pour des raisons de santé.

Un salaire moyen de 340 euros

Pendant le procès, deux visions se sont opposées sur les agissements de cette famille, classée plus riche du Royaume-Uni par le quotidien britannique Sunday Times cette année, grâce à ses 37 milliards de livres (48 milliards d'euros), alors que le magazine Forbes estime leur fortune à 20 milliards de dollars.

Selon Yves Bertossa, la famille aurait dépensé «davantage pour le chien que pour les employés domestiques». Ces derniers dormaient dans une pièce située au sous-sol de la villa des Hindujas et leurs passeports étaient confisqués. Ils travaillaient pour un salaire qui s'élevait en moyenne à 325 francs suisses par mois, soit 340 euros. Une paye nettement plus basse que ce que peut espérer gagner un employé de maison en Suisse, a précisé la présidente du tribunal. Leur salaire était de 80% à 90% inférieur à ce qu'il aurait dû être, ce qui explique notamment la condamnation pour «usure», a-t-on appris par le tribunal.

Au cours du procès, la défense a relevé des failles dans l'accusation, qui a passé sous silence des paiements en nature, en plus de salaires en espèces tels que des billets d'avion, de la nourriture, des produits sanitaires ou encore des frais médicaux. Toujours selon la défense, les trois plaignants n'étaient pas isolés et pouvaient sortir de la villa.

Le tribunal a donc écarté la charge de traite d'êtres humains, faisant valoir que certains membres du personnel étaient revenus travailler à Genève, après un déplacement en Inde. La présidente du tribunal a tout de même relevé que «l'inexpérience des employés a été exploitée, ceux-ci étaient peu scolarisés, voire par du tout, n'avaient aucune connaissance de leurs droits».

«Nous n'avons pas affaire à des esclaves maltraités», a nuancé l’avocat Nicolas Jeandin. Selon la défense, le dossier se résume à une affaire de rémunération.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités