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#Metoo : en Chine, une militante lance le mouvement et est condamnée à cinq ans de prison

Le tribunal populaire intermédiaire de Guangzhou, où l'activiste #MeToo Sophia Huang Xueqin et le militant syndicaliste Wang Jianbing devraient être condamnés, en Chine. [©REUTERS/David Kirton]

Enfermée depuis 2021, une journaliste chinoise a été condamnée ce vendredi à cinq ans de prison pour avoir tenté de lancer dans son pays le mouvement #MeToo.

Les mouvements de la société civile n’ont pas leur place en Chine. Journaliste dans une agence de presse chinoise, à Canton, Sophia Huang Xuegin avait révélé sur les réseaux sociaux être victime de harcèlement sexuel, à la suite de l’émergence du mouvement #MeToo. Cette prise de parole en ligne lui a valu des poursuites et ce vendredi 14 juin, le collectif qui la soutient a révélé que la militante de 36 ans avait été condamnée à 5 ans de prison pour «incitation à la subversion de l’État».

La trentenaire a annoncé son intention de faire appel, a relayé le collectif. Lors de son audience, en septembre 2023, la journaliste a été accusée, avec le militant syndical Wang Jianbing, âgé de 40 ans, d’avoir «publié des articles et des discours déformés et provocateurs, attaquant le gouvernement national sur les réseaux sociaux», en plus d’avoir «rassemblé des organisateurs à l’étranger pour participer à une formation en ligne sur des actions non-violentes». 

Le quadragénaire a lui écopé de trois ans et six mois de prison pour les mêmes motifs que son homologue. Le procureur municipal avait accusé les deux militants l’organisation d’avoir «de réunions régulières à Canton», dans l’objectif de saper l’autorité de l’État.

Le groupe de soutien de Sophia Huang Xuegin a expliqué qu’au cours de ces «réunions régulières» tenues à partir de septembre 2020, la journaliste et son acolyte avaient «encouragé les participants à manifester leur mécontentement à l’égard du pouvoir chinois, sous prétexte de discuter de questions sociales». 

Censure des témoignages

«Ces condamnations auront un effet dissuasif supplémentaire sur les droits de l’Homme et La Défense sociale, dans un pays où les militants sont confrontés à une répression croissante de la part de l’État», a regretté auprès de l'AFP la directrice pour la Chine d’Amnesty International, Sarah Brooks. «L’activisme #MeToo a donné du pouvoir aux rescapées de violences sexuelles dans le monde entier, mais ici, les autorités chinoises ont cherché à faire exactement le contraire en l’éliminant», a-t-elle pointé du doigt, appelant à la libération «immédiate et sans condition» des deux condamnés. 

Interrogé sur cette affaire, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lin Jian, a assuré que «la Chine est un pays où règne l’État de droit, qui garantit les droits légitimes de chaque citoyen conformément à la loi», mais que «toute personne qui enfreint la loi se verra infliger une sanction légale», a-t-il nuancé.

Ces dernières années, beaucoup de Chinoises qui ont osé dénoncer des violences sexuelles ont vu les faits se retourner contre elles. Ce fut notamment le cas de Peng Shuai, une véritable star du tennis dans son pays et ancienne n°1 mondiale en double.

En 2021, la sportive dénonçait un rapport sexuel forcé et une relation extraconjugale avec un puissant ex-responsable du Parti communiste. Très rapidement, son message avait été censuré sur l’Internet chinois.

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