La Chambre des représentants de l’Arizona a voté, ce mercredi, en faveur de l’abolition d’une loi datant de 1864, qui interdisait presque totalement l'avortement dans cet Etat du sud des Etats-Unis.
Alors que les droits reproductifs des femmes se réduisent comme peau de chagrin dans certaines parties des Etats-Unis, où de nombreux Etats ont interdit ou fortement limité le droit à l’IVG après la révocation du droit fédéral à l’avortement en juin 2022, l’Arizona a pris le contre-pied.
Ce mercredi, la Chambre des Représentants de cet Etat du sud-ouest du pays a voté en faveur de l’abolition d’une loi, vieille de 160 ans, qui interdisait presque totalement l'avortement. La fin de cette loi a été rendue possible grâce à trois élus Républicains modérés, qui se sont alliés aux 29 Démocrates de la Chambre pour l’abolir.
Le vote de la chambre basse du parlement de l’Arizona intervient quelques jours après une décision de justice : la Cour suprême de cet Etat avait déclaré, le 9 avril dernier, que la loi de 1864 était «applicable» en Arizona. Ce texte interdit tous les avortements, sauf dans les rares cas où il s’avère «nécessaire» pour sauver la vie d’une femme enceinte. Cette loi prévoit également une peine d’emprisonnement, allant de deux à cinq ans, pour les personnes qui pratiquent l’avortement, selon CNN. Le viol et l'inceste ne sont pas considérés comme des exceptions valables.
Le sénat doit maintenant voter
L’abrogation de la loi de 1864 doit encore être approuvée par le Sénat de l’Etat, dominé par les Républicains. S’il se range du même côté que la chambre basse, l’avortement resterait ainsi autorisé jusqu’à quinze semaines de grossesse. Cependant, si le Sénat rejette son abrogation, la loi de 1864 pourrait entrer en vigueur dès le 8 juin prochain, ce qui ferait de l’Arizona l’un des Etats américains avec les restrictions les plus dures contre l’IVG.
Dans l’Etat voisin de Californie, où l’IVG est protégée, le gouverneur démocrate Gavin Newsom a déjà pris ses dispositions : il a défendu un projet de loi qui permettrait aux professionnels de santé d’Arizona de pratiquer des avortements pour leurs patientes en Californie, pour prévenir de toute difficulté d’accès à ce service.
Selon l’organisation Center for Reproductive rights, qui milite pour les droits reproductifs aux Etats-Unis, environ 25 Etats américains sont particulièrement hostiles à l’IVG, et une dizaine l’ont carrément rendu illégal, depuis la révocation de l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022, qui garantissait le droit fédéral à l’avortement. Cette révocation avait indirectement été permise par Donald Trump, qui avait nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême pendant son mandat.
Un sujet clé pour la campagne présidentielle
L’avortement est devenu l’un des sujets clés de la campagne pour la présidentielle de novembre prochain. Si le président américain Joe Biden s’est engagé depuis de nombreux mois à restaurer l’arrêt Roe v. Wade et à protéger les droits des femmes à disposer de leur corps, Donald Trump, qui a tout été dans le camp pro-vie, change peu à peu de stratégie.
D’abord très fermement opposé à l’avortement, se félicitant de son interdiction à travers le pays, l’ancien président Républicain a récemment affirmé que seuls les Etats devraient pouvoir légiférer sur la question de l'avortement.
Pourtant, de nombreux électeurs et élus conservateurs comptaient justement sur lui pour défendre une loi visant à interdire l’IVG au niveau national en cas de réélection. Cherchant à mobiliser une partie plus modérée de son électorat, Donald Trump se fait plus discret sur le sujet, craignant qu’une position trop conservatrice sur la question ne lui porte préjudice dans les urnes.