Le torchon brûle entre la justice brésilienne et le patron du réseau social X, Elon Musk. Ce dernier a vivement critiqué les décisions du plus grand pays d’Amérique latine visant à lutter contre la désinformation, et s’en est directement pris au président de la Cour suprême, qui a décidé d’ouvrir une enquête.
Rien ne va plus pour le réseau social X au Brésil. Ce dimanche, son patron, Elon Musk, a appelé à la démission du juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, qu’il accuse de «censure». «Ce juge a trahi de façon effrontée et réitérée la constitution et le peuple du Brésil. Il devrait démissionner ou être destitué», a-t-il déclaré dans un message sur X.
La raison de cette colère : la décision du juge de bloquer les comptes X de certaines personnalités influentes, notamment de partisans de l’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, dans le cadre de sa lutte contre la désinformation.
Coming shortly, will publish everything demanded by @Alexandre and how those requests violate Brazilian law.
This judge has brazenly and repeatedly betrayed the constitution and people of Brazil. He should resign or be impeached.
Shame @Alexandre, shame.— Elon Musk (@elonmusk) April 7, 2024
En février dernier, la justice brésilienne a en effet pris en résolution tenant les plateformes numériques pour coresponsables des publications faites par des tiers, notamment dans un contexte électoral. Ainsi, les réseaux sociaux s’exposent, eux aussi, à des amendes pour désinformation si leurs utilisateurs en publient.
«intrusmentalisation criminelle de x»
Elon Musk conteste la suspension de ces comptes et les sanctions infligées par la justice brésilienne au réseau social, et a indiqué sur X qu’il allait lever «toutes les restrictions», sans préciser comment. «Nous allons probablement perdre tous nos revenus au Brésil et devoir fermer nos bureaux là-bas. Mais les principes sont plus importants que le profit», avait-il ajouté, sous-entendant qu’il allait peut-être réactiver les profils suspendus par les autorités brésiliennes.
Dimanche 7 avril, le juge Alexandre De Moraes a donc ordonné l’ouverture d’une enquête contre Elon Musk, évoquant une supposée «instrumentalisation criminelle de X» par le milliardaire américain. Le magistrat a ajouté que si la plateforme ne respecte pas les mesures judiciaires prononcées, elle s’expose à une amende journalière de 100.000 reais (environ 18.300 euros) par profil débloqué. «Les réseaux sociaux ne sont pas des terres sans loi !», a-t-il martelé, en lettres majuscules, dans son arrêt judiciaire.
Ultime provocation : Elon Musk a invité les utilisateurs brésiliens de son réseau social à télécharger un VPN, un réseau privé virtuel qui permet de se localiser virtuellement dans un autre pays, pour contourner les restrictions imposées à X au Brésil.