Une fusillade, suivie d'un incendie, dans une salle de concert dans la banlieue moscovite ce vendredi 22 mars, a causé la mort de 133 personnes et blessé une centaine d'autres, selon un bilan provisoire. «Un Bataclan russe» qui fait ressurgir une douleur encore vive en France.
«Ça nous replonge dans les images terrifiantes et traumatisantes du Bataclan en 2015. C'est une évidence», tels sont les mots du journaliste Éric Revel, invité sur CNEWS ce samedi 23 mars, lors de l'évocation de l'attentat mené dans une salle de concert à Moscou ce vendredi soir. Un nouvel assaut mené par Daesh, qui a fait 133 morts et une centaine de blessés, selon un bilan provisoire. L'attaque, revendiquée par le groupe djihadiste État islamique (EI), évoque inévitablement le traumatisme de l'attentat de cette salle de spectacle survenu à Paris le 13 novembre 2015, certains le nommant déjà le «Bataclan russe».
La guerre contre l'État islamique
Au même titre que la France, qui est le pays européen le plus touché par les attentats terroristes organisés par le groupe jihadiste, la Russie a été a été le théâtre de nombreuses attaques ces 20 dernières années. Parmi les plus sanglantes, la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka, à Moscou, en octobre 2002 et l'assaut brutal des forces spéciales russes, qui ont causé 128 morts. Trois ans plus tôt, en septembre 1999, une série de cinq attentats contre des immeubles d'habitations dans plusieurs villes de l'ouest du pays ont fait au moins 290 morts et un millier de blessés.
«Il faut rappeler comment la Russie a combattu l'État islamique en Syrie, l'affaire en Ingouchie (...) Cette lutte du pouvoir centrale russe contre l'islamisme est le point commun avec l'Occident», a déclaré le journaliste.
La Russie sous pression ?
Cet assaut, l'un des plus meurtriers que la Russie ait connu depuis des années, est survenu dans un contexte de conflit persistant depuis deux ans avec l'Ukraine et de réélection de Vladimir Poutine à la tête de l'une des plus grandes puissances mondiales. Le pays qui partage ses frontières avec de nombreuses nations européennes et asiatiques a pu être vu comme une cible facile à attaquer pour l'organisation islamiste.
Le Crocus City Hall, une salle de concert emblématique située à 16 kilomètres du centre de la capitale russe, a une capacité de 6.000 à plus de 9.000 visiteurs. La configuration du lieu fait écho à celle du Bataclan à Paris, visant à causer un maximum de victimes dans un lieu de rassemblement populaire.
Le lieu mythique a fait état d'au moins 115 morts contre 90 pour la salle de spectacle parisienne. Le gouverneur de la région de Moscou a indiqué que les opérations de recherche de victimes dans les décombres de la salle de concert prendraient plusieurs jours en raison de l'incendie qui a suivi la fusillade sanglante. Il a ajouté que le bilan risquait de s'alourdir dans les heures ou les jours à venir.
La culture prise pour cible
Opter pour une salle de concert comme cible pour perpétrer des massacres revêt une symbolique profonde pour les terroristes. Ces lieux, symboles de joie, de festivités et de célébration, représentent une culture et un mode de vie qui sont diamétralement opposés à l'idéologie qu'ils prônent.
En attaquant ces espaces culturels, les terroristes visent à saper les valeurs de liberté, de diversité et de bonheur associées à ces lieux, et à semer la terreur au cœur même des moments de convivialité et de partage.
Tout comme au Bataclan, où le groupe américain Eagles of Death Metal a fait salle comble, le groupe de rock Piknik, relativement méconnu du public français, était programmé pour se produire après une pause dans leur carrière. Les membres du groupe, fondé officiellement en 1981 à Saint-Pétersbourg, ont été évacués à temps, bien que le sort d'un musicien reste incertain, le directeur du concert, Yuri Chernyshevsky, n'ayant pas réussi à les contacter.
Une méthode proche de celle du Bataclan
La salle était pleine à craquer lorsque les tirs ont commencé à la fois dans la salle de spectacle et dans le hall d'entrée. Les assaillants, vêtus de tenues de camouflage, auraient d'abord pris pour cible les gardiens à l'entrée de la salle, puis les spectateurs. Selon les premiers témoignages, une à trois explosions ont également été entendues, déclenchant l'incendie.
Cette méthodologie rappelle celle utilisée lors des attaques à Paris. Les assaillants ont approché par-derrière, prenant de court un public nombreux qui se retrouvait sans issue, à moins de se diriger vers la scène. Ils étaient pris au piège, sans possibilité de fuite.
Dans les deux scénarios, des otages ont été utilisés comme boucliers humains, bloquant ainsi l'accès aux forces de l'ordre.