Depuis jeudi 18 janvier, des milliers d’agriculteurs français sont mobilisés pour exprimer leur colère. Dans de nombreux pays européens, les exploitants protestent depuis plusieurs semaines, revendiquant une politique plus juste.
A quatre mois des élections européennes, la peur continue de grandir sur le Vieux Continent. La colère gronde chez les agriculteurs depuis quelques jours, en Roumanie, Allemagne, Pologne, et Belgique.
Confrontés à des pertes économiques dues à la crise climatique et à la crise de Covid-19, les agriculteurs européens s'élèvent contre les politiques écologiques menées au sein de l’Union Européenne.
Inquiets pour leur avenir, ils ont déclenché des mouvements de grèves - en bloquant les autoroutes - pour revendiquer leurs droits. En France, la contestation a atteint son paroxysme la semaine dernière avec la mort d’une agricultrice et de sa fille, lors d'un accident de la route survenu à un barrage dans l'Ariège.
«nouvelle phase du Green Deal»
Attentive à leur sort, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pourtant multiplié des gestes de soutien à leur égard. En septembre 2023, elle annonçait une «nouvelle phase du Green Deal», gage d’une meilleure prise en compte de leur condition.
Malgré la prolongation de dix ans de l’autorisation du glyphosate, cheval de bataille des agriculteurs, les blocages se sont amplifiés en ce début d’année. Augmentation des charges, règlementations contradictoires en matière de protection d’environnement, concurrence déloyale des pays extra-européens... Les raisons sont disparates et révèlent surtout d’une exaspération croissante du monde agricole.
Le conflit ne date pourtant pas d’hier. Depuis 2019, les Pays-Bas, deuxième exportateur mondial de produits agricoles en valeur, sont épisodiquement l'épicentre de contestations. L’année dernière, les agriculteurs néerlandais avaient bloqué des routes en déversant du fumier sur les routes et provoqué de massifs embouteillages.
Des manifestations en Allemagne, Roumanie, Pologne
En Allemagne, la suppression totale de l’avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées a entraîné l'ire des agriculteurs. Plus de 5.000 tracteurs ont bloqué les rues de la capitale, Berlin, le 15 janvier. Malgré les légères inflexions du gouvernement, le mouvement n’est pas près de s’estomper, comme l’a annoncé Joachim Rukwied, président de l'Union des agriculteurs allemands (DBV).
En Roumanie en Pologne, où les agriculteurs souhaitent être rémunérés plus justement suite à l’entrée, dans les marché européen, des céréales ukrainiennes, le processus enclenché par les manifestants présentait de nombreuses similitudes.
Les atermoiements des décideurs européens autour d'un accord commercial signé avec le Mercosur - une communauté économique des pays d’Amérique du Sud - et l’impact économique du changement climatique (sécheresses, inondations et incendies de forêts) renforcent ces décalages.
Encore à l’écart, l’Espagne et l’Italie pourraient rejoindre le mouvement de protestation. Jeudi 1er février, lors de la réunion des chefs d’Etat à la Commission Européenne - pour discuter de l’aide financière consacrée à Kiev -, nul doute que la question agricole devrait figurer sur toutes les lèvres.