En Égypte, le cas de la pyramide de Mykérinos, sur le plateau de Guizeh, fait débat. Un plan de rénovation provoque de vives réactions des internautes sur les réseaux sociaux.
Un projet controversé. En Égypte, un nouveau plan de rénovation de la pyramide de Mykérinos, sur le plateau de Guizeh, fait polémique. À l’origine de ce débat, une vidéo publiée vendredi où l’on voit le patron des Antiquités égyptiennes, Mostafa Waziri, montrer des travailleurs alignant des blocs de granit sur la base de la pyramide de Mykérinos, la moins haute des trois de Guizeh.
Construite entre 2532 et 2525 avant notre ère, cette dernière était recouverte de granit. Depuis, une partie de son revêtement s’est dégradée. Face à cette dégradation, causée par le temps, le plan vise à restaurer cette couche de granit dans le but de restituer à la pyramide son aspect d’origine.
Cette «rénovation» va durer «trois ans» et sera «un cadeau de l'Egypte au monde au XXIe siècle», se félicite Mostafa Waziri, à la tête de la mission égypto-japonaise en charge du projet. Le patron des Antiquités égyptiennes assure notamment que cette rénovation «permettra de voir, pour la première fois, la pyramide de Mykérinos telle qu'elle a été construite par les anciens Egyptiens».
Les internautes horrifiés
Si ce projet, vu comme un cadeau, semble ravir ses initiateurs, sur les réseaux sociaux, la vidéo génère des dizaines de commentaires horrifiés. «Pas possible!», répond, visiblement outrée, l'égyptologue Monica Hanna sur Facebook. «Il ne manquait plus que de carreler la pyramide de Mykérinos ! Quand va-t-on arrêter l'absurdité dans la gestion du patrimoine égyptien ?», écrit-elle encore. «Tous les principes internationaux sur les rénovations interdisent de telles interventions, il faut que tous les archéologues se mobilisent immédiatement», lance-t-elle.
Malgré l’indignation, les internautes y vont tous de leur pique acerbe : «A quand le projet de redressement de la tour de Pise ?», écrit l'un, en référence au monument italien connu justement parce qu'il est penché. «Plutôt que du carrelage, pourquoi pas du papier peint sur les pyramides?», propose, ironique, un autre internaute.
La préservation du patrimoine divise le pays
En Égypte, pays qui compte sur le tourisme pour 10% de son PIB, la question de la préservation du patrimoine fait souvent l’objet de vifs débats. Notamment depuis les destructions récentes de pans entiers du Caire historique. Celles-ci avaient fortement mobilisé une société civile quasiment interdite d’activités politiques et qui concentre désormais le gros de son combat contre le régime sur le terrain de l’urbanisme et du patrimoine.
De plus, le cas de la mosquée Abou al-Abbas al-Morsi d’Alexandrie, datant du XVe siècle, concentre le débat ces derniers jours. Après qu’un entrepreneur en charge des travaux de rénovation a décidé de repeindre en blanc les plafonds ornementés, sculptés et colorés de la plus grande mosquée de la deuxième ville d’Égypte, le gouvernorat vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête.