Alors que John Mckivison accuse le désherbant Roundup d’être à l’origine de son cancer, le groupe Monsanto a été condamné vendredi, aux États-Unis, à verser 2,25 milliards de dollars de dommages et intérêts au concerné. Une sanction de plus pour l’entreprise.
Une lourde sanction. Vendredi, le jury d’un tribunal de Philadelphie, aux Etats-Unis, a condamné le groupe Monsanto, une filiale du géant allemand Bayer, à verser 2,25 milliards de dollars (2,07 milliards d'euros) de dommages et intérêts à John McKivison. Ce dernier avait accusé le désherbant Roundup d’être à l’origine de son cancer. Son avocat, Ron Miller, a indiqué à l’AFP que les jurés de ce tribunal civil de l’Etat de Pennsylvanie avaient attribué à leur client 2 milliards de dollars de dommages et 250 millions d’indemnité compensatoire.
Classé cancérogène probable
Alors que le principal actif du Roundup est le glyphosate, John McKivison expliquait que sa maladie, un lymphome non-hodgkinien, était liée à l’utilisation de ce désherbant. En revanche, le groupe allemand conteste la nocivité du glyphosate et a annoncé faire appel de la décision. Pourtant, en 2015, cet actif a été classé «cancérogène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Mais pour l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), aucun «domaine de préoccupation critique» chez les humains, les animaux et dans l’environnement n’a été identifié. Malgré un manque de données, ce que reconnaît l'EFSA, cela ne peut empêcher l’autorisation de l’herbicide.
Pour Ron Miller, Bayer a fait de «mauvais choix dans ce dossier». «Le fait qu'ils n'aient pas cherché davantage à trouver un accord amiable est un mystère». De son côté, le groupe allemand se dit prêt à se rendre au procès à chaque fois qu’il est attaqué sur le Roundup et les effets supposés de son utilisation. Par ailleurs, il précise notamment avoir obtenu gain de cause dans plusieurs procédures récentes liées à cet herbicide, s’appuyant sur «des évaluations de régulateurs et de scientifiques qui continuent à considérer ce produit comme sûr».
Une enveloppe à plus de 16 milliards de dollars
Mais ce n’est pas la première fois que Monsanto se voit infliger une sanction judiciaire. En novembre dernier, le jury d’un tribunal du Missouri, dans le centre des Etats-Unis, a condamné le groupe à verser 1,5 milliard de dollars (1,38 milliards d'euros) de dommages-intérêts à trois Américains. Ces derniers avaient, eux aussi, imputé leur lymphome non-hodgkinien à des années d’utilisation de l’herbicide.
Mais le groupe allemand se défend. Selon lui, sur les 165.000 procédures entamées contre Monsanto et liées au désherbant, 113.000 ont été résolues ou déclarées irrecevables à ce jour. En juin 2020, le géant pharmaceutique et biotechnologique a conclu un accord amiable couvrant, selon l'entreprise, environ 75% des 125.000 actions alors en cours. La transaction prévoyait le versement d'une somme totale comprise entre 10,1 et 10,9 milliards de dollars.
De plus, 400 millions de dollars ont été consacrés par Bayer à l’indemnisation de personnes exposées au dicamba, un autre herbicide, et 820 millions pour des contentieux liés aux polychlorobiphényles (PCB), des polluants dits éternels. L’entreprise consacre une part importante de son budget à la gestion de ces procédures. En 2021, elle y a alloué 4,5 milliards de dollars supplémentaires, portant le total de l’enveloppe à plus de 16 milliards.