La junte au pouvoir au Mali a annoncé ce jeudi 25 janvier la «fin, avec effet immédiat», de l'important accord d'Alger signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord du pays, longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.
Un avenir incertain. À compter de ce vendredi, le Mali ne fera plus partie des signataires de l'accord d'Alger, a annoncé la junte, y mettant fin «avec effet immédiat».
L’accord d’Alger, également nommé «Accord pour la paix et la réconciliation au Mali», a été signé en 2015 pour mettre un terme à la guerre opposant le Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), sous la médiation de l’Algérie. Dans le détail, cet accord a aussi été signé par le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Tchad, l’Union Africaine, l’ONU, la Cédéao, l’OCI, l’Union européenne et la France.
Mais avec la situation actuelle du Sahel, l'accord était déjà considéré comme moribond depuis la reprise en 2023 des hostilités contre l'État central et l'armée malienne par les groupes indépendantistes à dominante touareg du Nord, dans le sillage du retrait de la mission des Nations unies (Minusma), poussée vers la sortie par la junte après dix années de présence.
L'accord avait reçu un rude coup supplémentaire le 31 décembre quand le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, avait annoncé lors de ses vœux de Nouvel An la mise en place d'un «dialogue direct inter-malien», donc sans médiation internationale, contrairement à l'accord d'Alger. Le gouvernement «constate l'inapplicabilité absolue» de l'accord d'Alger, «et, par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat», dit le communiqué.
La stabilité au Sahel menacée ?
«Tous les canaux de négociations sont désormais fermés», a dit à l'AFP Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole du Cadre stratégique permanent, alliance de groupes armés qui avaient signé l'accord de 2015 avant de reprendre les armes l'an dernier. «Nous n'avons pas d'autre choix que de livrer cette guerre qui nous est imposée par cette junte illégitime avec qui le dialogue est impossible», a-t-il dit.
Cette nouvelle est d’autant plus inquiétante que, non seulement le Mali, par cette annonce, officialise sa reprise des hostilités avec les groupes rebelles - déjà bien entamée depuis 2020, date à laquelle la junte a pris le pouvoir - mais ouvre la porte à d’autres pays du Sahel, eux aussi déstabilisés par des putschs tels que le Niger ou le Burkina Faso depuis 2022.
Le Mali rend ainsi l’accord d’Alger caduque et risque d’entraîner avec lui les autres signataires qui affichent de plus en plus d’hostilité, notamment envers la France, en faveur de groupes de mercenaires, comme le groupe paramilitaire russe Wagner.
Des tensions de plus en plus marquées avec l’Algérie
L'hostilité est pas ailleurs de plus en plus marquée envers l’Algérie, alors que le colonel Maïga a lu jeudi soir un autre communiqué vigoureux, spécifiquement contre le pays. Le gouvernement «constate avec une vive préoccupation une multiplication d’actes inamicaux, de cas d’hostilité et d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali par les autorités algériennes», a-t-il déclaré.
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Le gouvernement confirme l'ingérence algérienne au sommet des non-alignés, comme l'avait annoncé AES info
Le gouvernement de la transition du Mali a dénoncé, jeudi 25 janvier 2023, les actes d'ingérence et d'hostilité de la part de l'Algérie.… pic.twitter.com/xKPBls2Ilj— Alliance des Etats du Sahel (AES) Info (@AESinfos) January 25, 2024
Il a dénoncé «une perception erronée des autorités algériennes qui considèrent le Mali comme leur arrière-cour ou un État paillasson, sur fond de mépris et de condescendance». Parmi différents griefs, la junte reproche à l'Algérie d'héberger des bureaux de représentation de certains groupes signataires de l'Accord de 2015 et devenus selon elle «des acteurs terroristes».