Elle est apparue au côté de son père pour la première fois en 2022, sur des photographies officielles prises dans le cadre d’un tir de missile balistique. D'après les renseignements sud-coréens, Ju-ae, la «princesse» de Corée du Nord, est le «successeur le plus probable» de Kim Jong-un.
La nouvelle génération chez les Kim. Alors que l’agence officielle d’Etat KCNA n’avait jamais, avant 2022, mentionné les enfants, ni même confirmé l’existence d’une famille au sein du clan dirigeant, une nouvelle apparition publique de la fille de Kim Jong-un eu lieu ce mois de mars 2024.
Cette apparition surprise n’a rien d’un hasard. Selon les experts, elle a confirmé une fois de plus la vision dynastique que le dirigeant nord-coréen entretient pour son pays.
Le 4 janvier dernier, soit quatre jours après une nouvelle apparition père-fille à l'occasion du Nouvel An, le directeur du Service national du renseignement (NIS) sud-coréen, Cho Tae-yong, avait confirmé, dans une évaluation, les prédictions des analystes en déclarant estimer Kim Ju-ae comme le «successeur le plus probable» de son paternel.
Mais qui est cette adolescente, considérée comme la fille «respectée» de Kim selon les médias nord-coréens ?
Jeune adolescente
Kim Jong-un, petit-fils du père fondateur de la Corée du Nord, Kim Il Sung, et troisième génération de sa famille à diriger le pays, a épousé Ri Sol Ju en 2009, selon les renseignements sud-coréens. Elle a donné naissance à leur premier enfant l'année suivante, le deuxième et le troisième sont nés en 2013 et en 2017, a indiqué la même source, sans préciser leur sexe.
L'une des seules confirmations de l'existence d'enfants du dirigeant provient curieusement d'une visite de la star de la NBA Dennis Rodman, qui s'est rendu en Corée du Nord en 2013. Il a affirmé avoir, lors de cette entrevue, rencontré une fille de Kim : Ju-ae. Le leader nord-coréen est «un bon père», avait-il même déclaré à l'époque.
Pour Cheong Seong-chang, spécialiste de la Corée du Nord à l'institut sud-coréen Sejong, Ju Ae pourrait être la deuxième enfant de Kim. Selon toute vraisemblance, Ju-ae serait ainsi née en 2013 et aurait donc 11 ans.
Future dirigeante
Depuis que son existence a été révélée, Ju-ae participe essentiellement à des événements militaires. Le fait de la voir apparaître publiquement au côté de son père est un autre indice confirmant qu'il l'a possiblement choisie comme successeur.
Surtout, en mars 2024, l'adolescente a pour la première fois été qualifiée de «grande personne de conseil», un terme reservé aux hauts dirigeants. C'est un autre indice qui laisse à penser que la fille de Kim Jong-un pourrait prendre sa succession.
«C'est la première fois que Kim Ju Ae est élevée au rang de dirigeant», relève pour l'AFP Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul.
«Ce niveau d'adoration personnelle pour Kim Ju Ae laisse fortement penser qu'elle succédera à Kim Jong-un en tant que prochain dirigeant de la Corée du Nord», ajoute-t-il.
Kim Jong-un a lui pris la place de son père Kim Jong Il. Le grand-père de Ju-ae avait «élu» l'actuel leader parmi ses enfants, parce qu'il était celui qui lui ressemblait le plus en termes de personnalité et de tempérament, expliquait Cheong Seong-chang en 2022.
«Kim Jong-un pourrait vouloir faire de même avec cette fille en particulier. Peut-être a-t-elle les qualités que Kim pense être les siennes», analysait-il, ajoutant que si elle continuait à accompagner son père à des événements importants, cela serait probablement le signe qu'il la considère comme sa relève.
Outil politique
Kim Jong-un a choisi de présenter sa fille pour la première fois après une série record de tirs d'essai de ses missiles balistiques en 2022. Puis, à la fin décembre, le dirigeant nord-coréen a ordonné l'accélération des préparatifs militaires, en perspective d'une «guerre» qui pouvait «être déclenchée à tout moment» sur la péninsule.
Le 5 janvier, les habitants des îles de Yeonpyeong et de Baengnyeong (Corée du Sud) ont été évacués après les tirs d’environ 200 obus effectués par la Corée du Nord.
Présenter la jeune fille de Kim au public n'était donc pas anodin. «D'une certaine manière, il s'agit d'une photo symbolique de Kim transmettant le sceptre du pouvoir à la génération suivante», soulignait, en novembre 2022, Soo Kim, analyste, ce qui envoie «un message à la communauté internationale l'invitant à accepter la quatrième itération de terreur et de belligérance» de la part de Pyongyang, et à s’y préparer.
En outre, les photos suggèrent également, selon Soo Kim, «un certain degré de proximité et de confort entre Kim et sa fille», ce qui selon elle pourrait indiquer qu'elle est préparée pour prendre le relais de son père.