En raison d’une gestion hasardeuse de la part de son fondateur et de l’impact de la pandémie de Covid-19, la société de bureaux partagés WeWork, un temps valorisée à plus de 44 milliards d’euros, s’est déclarée en faillite ce lundi 6 novembre.
La crainte d'un dépôt de bilan émise depuis plusieurs semaines s'est finalement matérialisée en début de semaine. En difficultés financières depuis le début d’année, la société de bureaux flexibles et partagés WeWork s'est déclarée en faillite ce lundi.
«WeWork et certaines de ses filiales ont entamé une procédure de mise sous protection du "chapitre 11" (la loi sur les faillites, NDLR) et ont l'intention de déposer une procédure de reconnaissance au Canada dans le cadre de la loi sur les accords entre entreprises et créanciers», a annoncé le groupe dans un communiqué.
Une procédure sous chapitre 11 pour réduire sa dette
Concrètement, la procédure sous chapitre 11 permet à une entreprise de renégocier sa dette avec ses créanciers et de présenter un plan de réorganisation de son activité sur une période de plusieurs années. WeWork espère ainsi réussir à négocier une réduction «significative» de sa dette.
Le groupe espère notamment, grâce à cette procédure, «mettre fin aux baux d'un certain nombre d'emplacements» qui ne lui rapportent pas suffisamment d'argent, précisant que les entreprises propriétaires «ont déjà reçu un préavis».
Cette procédure ne concerne pas ses filiales hors du Canada et des Etats-Unis, selon l'entreprise, qui estime que ses «opérations mondiales vont se poursuivre, comme d'habitude».
«Il est temps pour nous de nous tourner vers l'avenir en nous attaquant énergiquement à nos anciens baux et en améliorant considérablement notre bilan», a assuré le directeur général du groupe, David Tolley, dans le communiqué. Ce dernier a souligné ce plan devrait permettre à WeWork «de rester le leader mondial d'espaces de travail flexible».
Une chute de 96% de son capital sur l’année complète
La société américaine WeWork, qui avait presque fait faillite en 2019, souffre d’une dette de près de trois milliards de dollars et a subi une baisse de 40% de ses actions, portant sa chute à 96% sur l’année complète.
La société n’a pas effectué ses paiements d’intérêts dus à ses créanciers au 2 octobre dernier, ce qui a interpellé les marchés financiers et qui les a alertés sur la situation très précaire dans laquelle elle se trouve. Cela avait découlé sur un accord afin de prolonger cette période de sept jours.
WeWork était En difficulté depuis 2019
Avec la gestion controversée par son fondateur, Adam Neumann, l’entreprise avait déjà connu des moments difficiles en 2019. Adam Neumann ayant été évincé peu de temps après par les investisseurs, l’actionnaire principal de l’entreprise, Softbank, avait investi dix milliards de dollars pour tenter de la sauver.
L’année suivante, malgré l’argent injecté, la pandémie a enfoncé le clou en vidant les bureaux, empêchant la société de se redresser, en plus de l’essor du télétravail qui commençait doucement à gagner du terrain et de la hausse des taux d’intérêts.
Ces problématiques n’avaient pourtant pas empêché le groupe d’entrer à Wall Street en octobre 2021, grâce à un SPAC (Special Purpose Acquisition Company). Malheureusement, cela n’a été que de courte durée.
En août dernier, le gendarme boursier américain, SEC, avait été averti des craintes de WeWork au sujet de sa situation financière très tendue, «un doute substantiel sur la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités».
L’entreprise avait expliqué avoir perdu des milliards de dollars au cours des six premiers mois de l’année 2023, passant ainsi de plus de 44 milliards d'euros à une revalorisation estimée à moins de 60 millions d'euros. En cause, des pertes financières, des besoins en liquidités et une baisse du nombre de locataires.