Alors que l’armée israélienne se prépare à une offensive terrestre dans la bande de Gaza, les Palestiniens se sont rassemblés par milliers au poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre Gaza et l’Egypte, dans l’espoir de quitter le territoire avant l’intervention militaire de Tsahal.
Depuis la riposte d'Israël sur la bande de Gaza, à la suite des attaques du Hamas samedi 7 octobre dernier, plusieurs Palestiniens se sont dirigés vers le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre la bande de Gaza et l’Egypte, fuyant un territoire «sans électricité, sans eau et sans internet».
À l’heure où l’armée israélienne prépare son offensive dans la bande de Gaza pour «la nettoyer du Hamas», Tsahal a invité les habitants du territoire à se diriger vers cette zone contrôlée par l’Égypte, actuellement fermée et où l'aide humanitaire afflue de plusieurs pays sans pouvoir passer.
Qu’est-ce que le point de passage de Rafah ?
Le point de passage de Rafah est un poste-frontière situé à la frontière entre la bande de Gaza, un territoire palestinien, et l'Egypte. Bordant le désert égyptien du Sinaï, le point de passage de Rafa est l'un des principaux points de passage pour les Palestiniens de Gaza vers l'extérieur du territoire, en particulier vers l'Egypte.
Pour entrer dans la bande de Gaza ou en sortir, il existe aussi deux autres points de passage. Il s’agit d’Erez, un point de passage frontalier avec Israël au nord de la bande de Gaza, et Kerem Shalom, un carrefour uniquement commercial entre Israël et la bande de Gaza. Toutefois, tous deux sont fermés.
Pourquoi est-il important ?
Autre que son importance géographique, le poste-frontière de Rafah est déterminant car il offre aux habitants de la bande de Gaza un accès à l'extérieur du territoire. Ce qui peut être crucial pour des raisons humanitaires, économiques et médicales, compte tenu du blocus imposé sur Gaza par Israël depuis 2007. Ce blocus a eu un impact significatif sur la vie des Gazaouis, limitant leur accès aux ressources de base et restreignant leur liberté de mouvement.
À noter que les aides internationales à destination de Gaza se dirigent, dans un premier temps, vers l’aéroport d’El-Arish, situé à quelques 50 kilomètres du point de passage de Rafah.
Pourquoi est-il fermé ?
Cette zone frontalière a été visée par trois bombardements israéliens lundi et mardi dernier. L'Egypte a annoncé la fermeture du point de passage de Rafah «jusqu’à nouvel ordre».
Bien que le Caire veuille coopérer avec d’autres pays, dont les Etats-Unis, pour négocier la réouverture de la frontière aux détenteurs de passeports étrangers et à l’aide humanitaire, le gouvernement égyptien s’inquiète d’un potentiel «risque que les Palestiniens soient poussés dans le Sinaï», de quoi créer une situation ingérable pour l’Egypte, comme ce fut le cas en 2008.
À cela s’ajoute également la menace terroriste, le Caire craignant que des militants islamistes puissent entrer dans son territoire.
Quelle est la situation actuelle ?
Comme indiqué ci-dessus, deux jours après l’ignoble attaque du Hamas, le point de passage de Rafah a été bombardé à trois reprises par l’armée israélienne, de quoi forcer l’Egypte à le fermer «temporairement».
Pour l’heure, des aides jordanienne, turque et émiratie ainsi que du matériel médical couvrant les besoins de 300.000 Gazaouis envoyé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont atterri à El-Arish. Toutefois, ceux-ci sont toujours en attente devant Rafah.
Le 12 octobre dernier, le gouvernement égyptien a indiqué que ce point de passage ne sera rouvert que lorsque la sécurité du personnel serait garantie. À leur tour, les pays occidentaux tentent de faire pression sur l’Egypte craignant qu’une crise catastrophique ne survienne dans la région.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, et son homologue américain, Antony Blinken, ont fait savoir qu’ils travaillaient avec Israël et l’Egypte pour ouvrir ce point de passage.
En fin de semaine dernière, les Etats-Unis avaient annoncé que leurs ressortissants étaient invités à se diriger vers Rafah, car «l'ouverture du point de passage pourrait être annoncée très tardivement et ne durer qu'un temps limité».
Ce lundi 16 octobre, des milliers de personnes se sont rassemblées à la suite d'une information indiquant l’ouverture temporaire de Rafah après «un accord de cessez-le-feu», mais Israël et le Hamas ont rapidement démenti cette information.
Comment fonctionne-t-il habituellement ?
Même en temps normal, il faut savoir que le point de passage de Rafah ne permet pas aux Palestiniens d’entrer et de sortir à leur guise, librement. En effet, les Gazaouis doivent s’inscrire auprès des autorités palestiniennes locales deux à quatre semaines à l’avance.
En sachant également que les autorités palestiniennes ou égyptiennes ont le droit de refuser le passage des Palestiniens par le poste-frontière sans explication. D’après l’ONU, en août dernier, 19.608 Palestiniens ont été autorisés à emprunter le point de passage de Rafah tandis que 314 autres y ont été refusés.