Un homme de 48 ans a été condamné à cinq ans de prison ferme au Maroc pour avoir critiqué, sur Facebook, le régime monarchique marocain et ses relations diplomatiques avec Israël, a-t-on appris mercredi 2 août.
La justice marocaine a condamné un internaute à cinq ans de prison ferme pour offense à la monarchie après avoir critiqué sur Facebook la normalisation diplomatique avec Israël, a indiqué mercredi à l'AFP son avocat.
Saïd Boukioud, 48 ans, «a écopé lundi de cinq ans de prison en raison de publications sur Facebook où il dénonce la normalisation avec l'Etat hébreu d'une manière qui pourrait être interprétée comme une critique visant le roi», a expliqué son avocat El Hassan Essouni qui a interjeté appel.
Les faits remontent à la fin de l'année 2020 alors que Saïd Boukioud résidait et travaillait au Qatar. Ce dernier a «supprimé les publications (incriminées) et fermé son compte (Facebook) lorsqu'il a appris qu'il était poursuivi au Maroc», a précisé son avocat.
La décision du tribunal «est lourde et incompréhensible», a-t-il ajouté, soulignant que si son client avait manifesté son rejet de la normalisation, il n'avait nullement l'intention d'offenser le souverain. Aux termes de la Constitution, la politique extérieure du Maroc est une prérogative du monarque, en l'occurence Mohammed VI.
les défenseurs des droits humains inquiets
Saïd Boukioud a été condamné en vertu de l'article 267-5 du Code pénal qui punit de six mois à deux ans de prison ferme «quiconque porte atteinte au régime monarchique». Mais la peine est susceptible d'être portée à cinq ans d'emprisonnement si l'infraction est commise en public - «y compris par voie électronique».
Pour les défenseurs des droits humains, ce texte de loi est une entrave à la liberté d'expression et dont la formulation «ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte» à la monarchie.
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques le 10 décembre 2020 dans le cadre d'un accord tripartite avec Washington. Depuis, les deux alliés se sont efforcés d'accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique.
Mais ce rapprochement ne fait pas l'unanimité dans le pays, notamment en raison de l'accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes. Si la mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine.