Huit ans après son arrivée comme réfugié en provenance de Syrie, Ryyan Alshebi a été élu le 2 avril dernier maire de la commune d’Ostelsheim (Allemagne). L’homme, qui a pris ses fonctions ce lundi 18 juin, a assuré que cette élection était «un message de tolérance et d’ouverture».
Une ascension fulgurante donnant lieu à une belle histoire. Huit ans après son arrivée comme réfugié en provenance de Syrie, Ryyan Alshebi a été élu le 2 avril dernier maire de la commune d’Ostelsheim (Allemagne), à seulement 29 ans.
A l’origine, ce dernier a fui la Syrie en guerre dans un bateau pneumatique pour éviter d’être enrôlé un soir de novembre 2015, en compagnie de 49 autres migrants. Arrivé sur l’île grecque de Lesbos, il a successivement traversé la Macédoine, la Serbie, la Croatie et l’Autriche avant d’arriver en Allemagne après un périple de douze jours.
Ryyan Alshebi a choisi de s’installer dans le Bade-Wurtemberg, où il a d’abord vécu dans un centre d’hébergement collectif puis dans une chambre d’appartement avec six personnes pendant quelques mois. Le syrien a ensuite appris l’allemand avant d’être embauché dans la région comme employé administratif et de recevoir la naturalisation allemande en janvier 2022.
Élu maire dès le premier tour avec 55% des voix
C’est grâce à ce travail que l’idée de se présenter à la mairie locale a fait son chemin dans son esprit. «C’est mon chef qui m’a poussé à candidater à la mairie d’Ostelsheim, une commune de 2.500 habitants», a confirmé ce dernier auprès de Libération.
Désireux de se donner toutes les chances, il a fait une campagne de porte-à-porte afin d’écouter les requêtes de chaque administré. Une démarche qui lui a permis d’établir son programme, basé sur la débureaucratisation, la numérisation de l’administration, le renforcement des offres de crèche et des commerces de proximité. Le 2 avril dernier, Ryyan Alshebi, candidat sans étiquette, a remporté l’élection municipale au premier tour avec 55% des voix.
«A aucun moment, mon passé de réfugié n’a joué un rôle. Il n’y a eu aucun incident avec l’extrême droite», a commenté l'élu. Il a néanmoins reconnu, avant de prendre officiellement ses fonctions ce lundi 18 juin, que «ce n’est pas évident de gagner dans une région rurale marquée par le conservatisme».
Avec ce nouveau poste, Ryyan Alshebi espère pouvoir inspirer les réfugiés du monde entier dans leur intégration. «Le vote d’Ostelsheim doit être interprété comme un message de tolérance et d’ouverture», a clamé l’homme de 29 ans après l’annonce des résultats. Une victoire qui a eu une portée mondiale dès le soir même de l’officialisation, en témoigne la soixantaine de demandes d’interviews envoyés par des médias internationaux.