En direct
A suivre

Déclaration polémique de Gérald Darmanin : tout comprendre à la brouille entre la France et l'Italie

Gérald Darmanin a mis le feu aux relations franco-italiennes, déjà tendues depuis l'arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni. [Montage / Reuters]

Les propos de Gérald Darmanin sur la Première ministre Giorgia Meloni, «incapable de régler les problèmes migratoires» selon le ministre français, provoquent une crise diplomatique entre Paris et Rome.

la lourde charge de Gérald Darmanin contre Giorgia Meloni

Alors que l'Italie assiste à des arrivées records de migrants sur ses côtes depuis janvier, Gérald Darmanin a jugé Giorgia Meloni «incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue» dans une interview mercredi sur RMC.

Le ministre de l'Intérieur répondait à une question sur des propos du président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) Jordan Bardella au sujet de la situation migratoire à la frontière franco-italienne, où les forces de l'ordre françaises repoussent des migrants vers l'Italie.

«Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs» dans le sud de la France, a reconnu Gérald Darmanin, qui en a rejeté la faute sur Rome : «La vérité, c'est qu'il y a en Tunisie (...) une situation politique qui fait que beaucoup d'enfants notamment remontent par l'Italie et que l'Italie est incapable (...) de gérer cette pression migratoire». 

«Meloni, c'est comme (Marine) Le Pen, elle se fait élire sur "vous allez voir ce que vous allez voir" et puis ce qu'on voit c'est que ça (l'immigration) ne s'arrête pas et que ça s'amplifie», a poursuivi le ministre français. Selon lui, la présidente italienne du Conseil des ministres est confrontée à «une très grave crise migratoire».

Rome réagit et annule le déplacement du chef de la diplomatie à Paris

La réaction de Rome face à cette attaque en règle ne s'est pas faite attendre : le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, qui était attendu jeudi soir à Paris pour une rencontre avec son homologue Catherine Colonna, a aussitôt annulé sa venue. «Les offenses du ministre @GDarmanin envers le gouvernement et l'Italie sont inacceptables, ce n'est pas dans cet esprit qu'il faut affronter les défis européens communs», a-t-il tweeté jeudi.

«C’est une insulte gratuite et vulgaire adressée à un pays ami, allié (...) Quand quelqu’un offense de façon gratuite une autre personne, le minimum est qu’elle présente ses excuses», a-t-il dit dans un entretien au quotidien Il Corriere della Sera. «Le reste de l'exécutif de Macron ne pense pas comme Darmanin», a-t-il toutefois ajouté.

Le chef de la Ligue Matteo Salvini, vice-Premier ministre de Giorgia Meloni et connu pour ses positions anti-migrants, s'est également insurgé : «Je n'accepte pas de leçons sur l'immigration de la part de ceux qui renvoient en Italie des femmes, des enfants et des hommes», a-t-il affirmé. Il a aussi reproché à la France de «continuer à héberger des assassins et terroristes qui devraient retourner en Italie», en allusion au rejet en mars des demandes d'extradition de dix anciens militants italiens d'extrême gauche installés en France depuis des décennies et réclamés par Rome pour des faits qualifiés de terrorisme lors des «années de plomb».

Catherine Colonna calme le jeu

Face à l'escalade, la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, a tenté de calmer le jeu. «J'ai parlé à mon collègue @Antonio_Tajani au téléphone», a tweeté, en italien, Catherine Colonna.

«Je lui ai dit que la relation entre l'Italie et la France est basée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants», a-t-elle ajouté, soulignant qu'elle espérait «pouvoir l'accueillir prochainement à Paris».

«Il n’y a eu aucune volonté du ministre de l’Intérieur d’ostraciser l’Italie d’aucune manière que ce soit», a assuré de son côté Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, ce vendredi sur CNEWS.

l'immigration, pomme de discorde entre paris et rome

Ce n'est pas la première fois que l'immigration embrase les relations franco-italiennes depuis l'arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni en octobre 2022. En novembre, de fortes tensions sont apparues lorsque le gouvernement Meloni avait refusé de laisser accoster un navire humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée qui avait fini par être accueilli par la France à Toulon avec plus de 200 migrants à bord. L'épisode avait suscité la colère de Paris qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas.

Depuis, les traversées clandestines par bateaux s'accentuent avec l'essor d'un nouveau couloir maritime entre la Tunisie et l'Italie, en première ligne aux portes de l'Europe. Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 42.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année contre environ 11.000 sur la même période en 2022.

Dans ce contexte, la Première ministre française Elisabeth Borne a annoncé fin avril la mobilisation de 150 policiers et gendarmes supplémentaires pour faire «face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne» ainsi que la création d'une «border force» (force aux frontières).

Selon l'Organisation internationale pour les migrations des Nations unies (OIM), le premier trimestre de 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants en Méditerranée depuis 2017.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités