En Libye, six femmes et hommes ont été arrêtés et risquent la peine de mort pour s’être convertis au christianisme et avoir fait du prosélytisme, en vertu d’une loi visant à réduire au silence la société civile.
Six Libyens, femmes et hommes dont certains sont Berbères, ont été arrêtés en mars dernier par les forces de l’ordre en Libye. Ils sont accusés de s’être convertis au christianisme et d’avoir fait du prosélytisme.
Les six personnes risquent la peine de mort en vertu de l’article 207 du Code pénal, qui punit sévèrement «toute tentative de diffusion d’opinions visant à altérer les principes constitutionnels fondamentaux ou les structures fondamentales de l’ordre, ou à renverser l’État», ainsi que «toute personne possédant des livres, des tracts, des dessins, des slogans ou tout autre objet promouvant leur cause».
Dans un communiqué, relayé par le Guardian, l’Organe de sécurité intérieure (OSI) a expliqué que ces arrestations ont pour objectif de «mettre fin à une action en bande organisée visant à solliciter des personnes et à les inciter à quitter l’islam».
Plusieurs précédents
Ce n’est pas la première fois que les autorités libyennes s’en prennent aux non-musulmans.
En avril dernier, deux Américains ont été arrêtés pour prosélytisme chrétien. Alors que le premier tentait d’«inciter des enfants à renier l’islam et à se convertir au christianisme», le deuxième opérait «en compagnie de son épouse, comme missionnaire pour le compte de l’organisation Assemblies of God, afin de séduire les fils de notre peuple musulman», selon l'OSI.
Le 23 mars 2022, Amnesty International avait demandé au pouvoir «d’ordonner la fin de la persécution de jeunes Libyens par des membres de milices et des forces de sécurité, sous prétexte de protéger les «valeurs libyennes et islamiques» et faire respecter leur droit à la liberté d’expression».
Cette «demande» faisait suite à l’arrestation de sept jeunes hommes, entre novembre 2021 et mars 2022, «pour l’exercice pacifique de leur droit à la liberté d’expression», les autorités ayant détenus ces jeunes «arbitrairement avec peu ou pas de contact avec le monde extérieur», selon Amnesty.
En 2011, la Constitution provisoire, rédigée par Mouammar Kadhafi, garantissait aux non-musulmans la liberté de pratiquer leur foi. Néanmoins, avec la poursuite des combats politiques entre le gouvernement de Tripoli, reconnu par l'ONU, et celui du maréchal Khalifa Haftar, celle-ci a été suspendue.