La Cour suprême des Etats-Unis a décidé vendredi 21 avril de maintenir pour l'instant l'accès à une pilule abortive utilisée pour plus de la moitié des IVG dans le pays, suspendant des restrictions décidées par des tribunaux inférieurs et offrant un répit temporaire aux défenseurs du droit à l'avortement. Le gouvernement fédéral avait saisi la haute cour en urgence pour faire suspendre ces jugements, ce que le temple du droit a accordé.
Un soulagement pour un grand nombre d'Américaines. Moins d'un an après avoir annulé la protection constitutionnelle de l'avortement, la haute cour à majorité conservatrice a une nouvelle fois tranché. L’accès complet à la pilule abortive aux Etats-Unis est maintenu, suspendant ainsi les restrictions décidées par les tribunaux inférieurs.
Cette décision de la Cour suprême signifie notamment que les Américaines vont pouvoir continuer à recevoir par voie postale la mifépristone, le nom de la pilule abortive, dans les Etats où l'IVG reste légal. Il s'agit de l'intervention la plus importante de la Cour sur la question de l'avortement depuis qu'elle a annulé la garantie constitutionnelle à l'IVG en juin 2022. Mais la bataille judiciaire autour de la pilule abortive va se poursuivre, déchaînant de vives passions.
Nouvelle audience en mai
Evitant de se réjouir ouvertement de cette victoire d'étape, le président démocrate Joe Biden a aussitôt réagi à une annonce bloquant pour le moment des mesures «qui auraient sapé le jugement médical de l'Agence fédérale des médicaments (FDA) et mis en danger la santé des femmes».
L'organisation de planning familial Planned Parenthood a jugé qu'il s'agissait d'une «bonne nouvelle», mais que «les faits restent les mêmes : l'accès à la mifépristone n'aurait jamais dû être menacé en premier lieu». Cette décision «n'efface pas le chaos, la confusion et la peur que cette affaire cherchait à susciter», a abondé Elisa Wells, fondatrice du réseau Plan C d'information sur les pilules abortives. «Et même si la mifépristone peut rester sur le marché pour l'instant, l'accès à l'avortement est toujours sévèrement et injustement restreint dans de nombreux Etats», a-t-elle ajouté dans un communiqué.
L'un des groupes conservateurs et anti-IVG à l'origine de l'affaire, Alliance Defending Freedom, a au contraire dit que la FDA devait «rendre des comptes pour les dégâts qu'elle a causés». «Notre affaire, qui cherche à faire passer la santé des femmes avant la politique, continue devant les tribunaux inférieurs», a-t-il écrit.
Une audience est prévue devant une cour d'appel à la Nouvelle-Orléans le 17 mai.
Plus de cinq millions d'Américaines ont déjà pris de la mifépristone depuis son autorisation par la FDA il y a plus de 20 ans.